Écrit par Matthew Kronby and Milos Barutciski
Percée
Le Premier ministre canadien Stephen Harper et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont annoncé aujourd’hui une percée dans les négociations de longue date en vue de conclure un accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne. Après bien plus de quatre ans de négociations intenses et souvent controversées auxquelles ont également participé les 28 États membres de l’UE et les gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada, les parties semblent être parvenues à une entente de principe sur tous les domaines clés. Il s’agit de l’accord commercial le plus important, le plus complexe et le plus vaste jamais négocié par le Canada, dépassant même l’ALENA.
Cette percée fait suite aux pressions intenses qui ont été prises au cours des derniers mois par le premier ministre, le ministre du Commerce international, Ed Fast, et des hauts fonctionnaires du cabinet du premier ministre et du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement pour faire des compromis sur certains des sujets les plus contestés, y compris l’accès accru du bœuf et du porc canadiens aux marchés européens et aux produits laitiers européens au Canada; la libéralisation des marchés publics aux niveaux provincial et municipal et la protection par brevet des produits pharmaceutiques. Il semble que les modalités convenues se traduiront par une libéralisation importante du commerce et de l’investissement dans un large éventail de secteurs, ce qui se traduira par des gains substantiels pour les économies canadienne et européenne.
Vue d’ensemble
Les principaux éléments de l’accord sont les suivants:
Élimination des droits de douane et contingents: Environ 98% de toutes les lignes tarifaires de l’UE seront en franchise de droits le jour de l’entrée en vigueur de l’AECG. Aucune élimination progressive des droits de douane ne dépassera sept ans. D’ici là, tous les droits de douane de l’UE sur les produits industriels canadiens (y compris les automobiles), le poisson et les fruits de mer seront éliminés, tout comme 95 % des droits de douane agricoles de l’UE. Le Canada bénéficiera d’importantes allocations de contingents supplémentaires pour exporter du bœuf et des produits du porc en franchise de droits dans l’UE. En retour, le quota pour le fromage de l’UE qui ne sera pas soumis aux tarifs prohibitifs du Canada sur les produits laitiers sera effectivement doublé, même s’il représentera toujours moins de cinq pour cent du marché canadien.
Règles d’origine : Les règles visant à déterminer quels produits sont admissibles au traitement tarifaire préférentiel ont été compliquées par le désir de l’UE d’éviter d’étendre indirectement les avantages aux partenaires commerciaux du Canada, notamment les États-Unis. En ce qui concerne les automobiles, qui étaient particulièrement préoccupantes, l’UE a convenu que les véhicules ayant un contenu canadien de 50 pour cent seront admissibles au traitement en franchise de droits, et a accordé un contingent en franchise de droits de 100 000 véhicules à ceux dont le contenu canadien est aussi bas que 20 pour cent.
Marchés publics : Bien que les détails restent à divulguer, chaque partie a accordé à l’autre un accès considérable à ses marchés publics, y compris aux niveaux régional et municipal. Les seuils pour être admissible à l’accès peuvent, dans certains cas, être assez élevés, mais l’accord devrait néanmoins créer de nouvelles possibilités importantes pour les entreprises canadiennes d’accéder au marché d’approvisionnement de près de 3 billions de dollars de l’UE et pour les entreprises de l’UE d’accéder à un marché canadien de plus de 100 milliards de dollars à tous les ordres de gouvernement.
Services: La libéralisation du commerce des services est fondée sur une approche de la « liste négative »: les services de tous les secteurs bénéficient d’un accès aux marchés et d’un traitement non discriminatoire sous réserve des exceptions spécifiques énumérées dans l’AECG. Les détails des exemptions spécifiques n’ont pas encore été divulgués. En outre, les parties ont convenu d’une clause de la nation la plus favorisée pour les services, ce qui signifie que si l’une ou l’autre des parties accorde un meilleur traitement aux services d’un autre pays – par exemple, l’UE aux États-Unis dans leurs négociations de libre-échange en cours – l’autre partie à l’AECG recevra également ce meilleur traitement.
Investissement : L’AECG comprend le premier régime de protection des investissements qui lie l’UE dans son ensemble. Les protections en matière d’investissement dans l’AECG semblent être semblables à celles que l’on trouve dans d’autres accords canadiens comme le chapitre 11 de l’ALENA, en ce qu’elles comprennent à la fois des engagements en matière d’accès aux marchés et de non-discrimination ainsi que des garanties de traitement et d’indemnisation justes et équitables en cas d’expropriation. Il sera intéressant de voir dans quelle mesure ces protections reflètent davantage le modèle canadien, qui tend à offrir un peu plus de latitude aux gouvernements, ou celui des membres de l’UE comme l’Allemagne et les Pays-Bas, qui ont tendance à être plus favorables aux investisseurs. L’AECG comprendra un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États.
Mobilité de la main-d’œuvre : L’augmentation des droits à la mobilité de la main-d’œuvre était une demande importante pour le Canada, qui les considérait comme essentiels pour assurer la capacité des entreprises canadiennes à fonctionner efficacement dans l’UE. L’AECG comprendra des dispositions permettant l’entrée temporaire de certains investisseurs commerciaux, fournisseurs de services et employés dans l’UE sans avoir besoin de visas ou de permis de travail. Il facilitera également les qualifications de reconnaissance mutuelle pour permettre aux professionnels d’une partie, tels que les ingénieurs et les architectes, de travailler dans l’autre partie.
Propriété intellectuelle : L’une des questions les plus controversées de l’AECG était la demande de l’UE pour une plus grande protection par brevet pour son industrie pharmaceutique. Les parties sont parvenues à un compromis sur les questions clés, qui accordera aux nouveaux médicaments deux années supplémentaires de protection de la durée du brevet (et non les cinq années demandées par l’UE) pour compenser le temps perdu pendant le processus d’approbation et élargir les droits d’appel à l’égard des contestations de brevets, tout en préservant la pratique canadienne en matière de protection des données. Le Canada a également accordé une reconnaissance supplémentaire aux indications géographiques, en particulier pour certains produits de viande et de fromage de l’UE, tels que le grana padano et le prosciutto di Parma.
Prochaines étapes
Malgré l’annonce d’aujourd’hui, il reste un éventail de questions, tant techniques que de fond, que les négociateurs doivent résoudre avant qu’il n’y ait un traité final que les parties doivent signer et mettre en vigueur. La résolution de ces problèmes prendra probablement au moins deux mois. Par la suite, le texte du traité, qui a été négocié en anglais, fera l’objet d’un examen juridique et d’une traduction en français et dans 21 autres langues officielles de l’UE. Il semble probable que le processus de ratification du traité, qui du côté de l’UE pourrait bien inclure la ratification par chaque État membre, prendra au moins deux ans. Cependant, il est également probable que le Canada et l’UE conviendront de mettre en œuvre cette élimination des droits de douane et d’autres éléments de l’accord sur une base provisoire une fois que le traité sera officiellement signé, mais avant qu’il ne soit ratifié.
Milos Barutciski est coprésident du groupe du commerce international et de l’investissement de Bennett Jones S.E.N.C.R.L., s.r.l. Matthew Kronby est un partenaire du groupe. Auparavant, il était chef de la Direction générale du droit commercial au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement et conseiller juridique en chef du Canada dans les négociations de l’AECG.
Traduction alimentée par l’IA.
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