Comment les droits de douane américains affectent-ils les entreprises canadiennes et que peuvent faire les entreprises familiales pour s’y préparer? Dans cet épisode d’actualité de balado Beyond Succession, l’animatrice Leah Tolton s’assoit avec Jessica Horwitz, avocate de renommée internationale en commerce international, pour explorer des stratégies pour naviguer dans un contexte commercial incertain.
La discussion porte sur les plus récentes politiques tarifaires américaines, et analyse leurs répercussions économiques et juridiques pour les entreprises familiales au Canada. Des perturbations de la chaîne d’approvisionnement aux répercussions sur la main-d’œuvre et aux préoccupations liées à la récession, l’épisode met en évidence des mesures pratiques pour atténuer ces défis. Les sujets abordés comprennent l’adaptation des contrats, la diversification des marchés et la mise à profit des accords de libre-échange à l’extérieur des États-Unis.
Cette conversation éclairante fournit des conseils précieux aux entreprises qui cherchent à protéger leurs activités et à rester résilientes dans un contexte commercial en évolution.
Transcript
Jessica Horwitz: [00:00:00] J’ai vu des représentants de l’industrie dire que cela pourrait entraîner des licenciements massifs dans certains secteurs dans la semaine suivant l’entrée en vigueur des droits de douane. Par exemple, l’industrie automobile a des chaînes d’approvisionnement fortement intégrées qui nécessitent une réduction des tarifs pour être financièrement viables, et les représentants de cette industrie ont mentionné que des mises à pied sont possibles.
J’ai aussi vu des rapports d’économistes qui prédisent que cela pourrait causer une récession au Canada. Je pense donc que les répercussions sont extrêmement vastes.
Leah Tolton: [00:00:00] Welcome to Beyond Succession, une série de balados dans le cadre du balado Bennett Jones Business Law Talks qui traite de sujets liés à la gestion des complexités de l’entreprise familiale. Je m’appelle Leah Tolton, je suis associée chez Bennett Jones S.E.N.C.R.L., s.r.l., et je suis avocate spécialisée en droit des entreprises familiales et des sociétés. J’ai à cœur d’aider les entreprises familiales à composer avec les complexités de la gouvernance, de la relève et de la croissance.
Avant de commencer ce balado, veuillez noter que tout ce qui est dit ou discuté dans ce balado ne constitue pas un avis juridique. Demandez toujours conseil à votre conseiller juridique, car chaque situation est différente et les résultats peuvent varier.
Aujourd’hui, nous examinons les répercussions des tarifs douaniers américains sur les exportations canadiennes, un problème persistant avec la nouvelle administration américaine qui pourrait perturber considérablement le commerce, perturber les prix et la stabilité du marché. Notre invitée est Jessica Horwitz. Avocat de premier plan dans le domaine du commerce international, spécialisé dans le droit douanier, les sanctions économiques et les réglementations commerciales. Comme le Canada exporte des milliards de dollars de biens aux États-Unis, y compris des produits agricoles, des produits manufacturés et plus encore, de nouveaux tarifs pourraient transformer les relations commerciales et les stratégies commerciales. Nous examinerons ce que signifient les tarifs proposés, comment les entreprises familiales devraient se préparer et si le Canada a des options juridiques ou stratégiques pour les contrer. Jessica, bienvenue au balado.
Jessica Horwitz: [00:00:11] Merci de m’avoir invitée, Leah.
Leah Tolton: [00:00:11] Juste pour vous brosser un tableau, Jessica, quand je pense à une entreprise familiale, je pense à une organisation qui peut comprendre un certain nombre d’éléments qui appartiennent en fin de compte à au moins certains membres de la famille. Je pense donc habituellement à une organisation qui comprend une société en exploitation, peut-être une société qui comprend des biens immobiliers, ou peut-être une entité qui investit de l’argent dans d’autres activités ou investissements. Peut-être que quelque chose a des actifs reportés ou des actifs de philanthropie, des biens qui seront hérités et peut-être des actifs philanthropiques. C’est ce que je pense lorsque je parle des entreprises familiales. J’espère que vous pourrez nous aider à comprendre comment les nouvelles règles tarifaires et commerciales dont nous entendons parler ces jours-ci pourraient avoir une incidence sur ces entreprises.
Commençons donc par comprendre ce que nous savons jusqu’à maintenant au sujet des droits de douane particuliers que le président Trump a proposés et a récemment suspendu les exportations canadiennes?
Jessica Horwitz: [00:00:11] Eh bien, Leah, cela a été une semaine de montagnes russes dans le monde du commerce, comme bon nombre de vos auditeurs le savent probablement déjà. Le président Trump menace ces tarifs depuis un certain temps.
Il en a parlé pendant sa campagne présidentielle. Il en parlait même avant cela, avant d’être nommé candidat républicain. Je pense donc qu’il est possible, dans une certaine mesure, de l’utiliser pour remplir une promesse électorale. Ce qui s’est passé, c’est que la promesse électorale initiale était qu’il imposerait des droits de douane au Canada et au Mexique dès son entrée en fonction. Cela ne s’est pas produit. Ce qu’il a fait le jour de l’inauguration, c’est qu’il a publié une note de service de la Maison-Blanche demandant au représentant au commerce des États-Unis et à d’autres organismes fédéraux de procéder à un examen de l’incidence commerciale de la relation commerciale des États-Unis avec le Canada, le Mexique et la Chine, qui sont les trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis, avec une date limite du 1ᵉʳ avril.
Maintenant, en plus de cela. Puis, quelques jours plus tard, je crois que c’était peut-être le même jour, lors d’une conférence de presse, alors qu’il signait des décrets le jour de l’inauguration, un journaliste lui a demandé quand les tarifs allaient entrer en vigueur? Il a répondu : « Peut-être le 1ᵉʳ février ». Le 1ᵉʳ février, il a donc pris un décret annonçant l’imposition de droits de douane de 25 % sur les importations de tous les produits canadiens, à l’exception des produits énergétiques, définis au sens large pour inclure le pétrole et le gaz, mais aussi d’autres types de minéraux essentiels, l’électricité et d’autres types de produits énergétiques, qui seront soumis à des droits de douane de 10 % au lieu de 25, mais tout ce qui est d’origine canadienne sera touché. Il ne s’agissait donc pas d’un tarif ciblé comme il l’a fait en 2018, dont nous pourrons parler un peu plus tard, qui ciblait seulement une catégorie particulière de produits. Dans ce cas, il s’agissait d’acier et d’aluminium. Celle-ci est générale et elle érige un mur tarifaire. Le même jour, le gouvernement du Canada a donc annoncé des contre-mesures de rétorsion sous forme de surtaxes, qui sont essentiellement des droits à l’importation, sur les importations de certaines catégories de marchandises d’origine américaine, telles qu’elles figurent sur une liste publiée par le gouvernement. Et il y a, continue d’y avoir, euh, deux listes à l’étude. Um, la première tranche allait toucher environ 30 milliards de dollars canadiens d’importations de marchandises d’origine américaine. La deuxième tranche, qui devait entrer en vigueur trois semaines plus tard, couvrirait 125 milliards de dollars de plus. Nous avons une copie de la première liste parce qu’elle a été publiée sous la forme d’un décret de surtaxe. En fait, il a été introduit, il a été enregistré. Elle avait des effets juridiques.
Cependant, à la onzième heure, MM. Trump et Trudeau ont eu un appel téléphonique au cours duquel ils ont convenu de reporter les droits de douane de 30 jours supplémentaires, jusqu’au 1ᵉʳ mars, afin qu’ils puissent poursuivre leurs conversations sur certaines des préoccupations en matière de sécurité nationale que les États-Unis avaient soulevées pour justifier ces droits de douane, notamment l’immigration illégale et les importations de fentanyl. C’est donc notre position. Nous sommes en attente. Il s’agit donc d’un sursis temporaire, mais pas d’un sursis permanent garanti. Nous savons quelle sera la première tranche de contre-mesures canadiennes, mais nous n’avons toujours pas la deuxième liste.
Leah Tolton: [00:07:00] Il se passe donc beaucoup de choses ici. L’enjeu est de taille. L’incertitude est grande. J’aimerais parler de deux secteurs en particulier sur lesquels j’aimerais entendre vos commentaires. Pourriez-vous nous parler de façon générale des droits de douane qui pourraient être imposés à des industries comme l’agriculture et la fabrication? Quelles sont les préoccupations à cet égard?
Jessica Horwitz: [00:07:30] La façon dont les tarifs seront structurés selon le décret que M. Trump a publié samedi, c’est qu’ils s’appliqueront aux produits d’origine canadienne. Cela ne veut donc pas dire tous les produits qui sont exportés ou vendus par une entreprise canadienne. Il s’agit de produits qui satisfont aux règles d’origine applicables aux fins des douanes, c’est-à-dire qui ont été effectivement produits au Canada ou qui ont été fabriqués au Canada.
Ainsi, le registre fédéral a remarqué que les États-Unis ont précisé, dans le décret, que les règles d’origine applicables seront soit les règles de marquage en vertu de l’AEUMC, soit, comme nous l’appelons ici au Canada, l’ACEUM. Euh, qui sont plus ou moins les règles préférentielles qui s’appliquent lorsque vous voulez revendiquer une préférence tarifaire, euh, une préférence.
Donc, la réduction des droits de douane en vertu de l’AEUMC ou de la règle de transformation substantielle, qui est la règle d’origine par défaut des États-Unis lorsqu’on ne demande pas un accord de libre-échange, est un critère beaucoup moins rigoureux à respecter. C’est donc un seuil peu élevé. Ce que cela signifie, toutefois, c’est que les industries qui produisent des biens au Canada, qu’il s’agisse de cultiver quelque chose sur le terrain comme l’agriculture ou de transformer d’autres matières premières par la fabrication, seront plus touchées que, par exemple, les entreprises qui pourraient fonctionner dans les secteurs de la vente au détail ou de la distribution et qui pourraient faire le commerce de biens qui ont été fabriqués dans un pays autre que le Canada.
Cela n’aura pas non plus d’incidence sur les industries qui fournissent des services, par exemple, parce que les tarifs ne s’appliquent qu’aux biens.
Leah Tolton: [00:08:59] C’est une distinction utile à comprendre. De toute évidence, cela crée un fardeau important pour les entreprises canadiennes qui vendent des biens aux États-Unis, peu importe le secteur. Y a-t-il des conséquences économiques plus larges que la transaction des marchandises que nous devons garder à l’esprit? Des facteurs comme la volatilité des prix ou les fluctuations monétaires. Que pouvez-vous prédire à cet égard?
Jessica Horwitz: [00:09:30] Bien sûr, eh bien, je veux dire que tout changement de politique qui aura une incidence sur les conditions économiques sous-jacentes des économies américaine ou canadienne aura l’effet de perturber les marchés. Les investisseurs, euh, et la devise, les devises fluctueront également parce que les investisseurs spéculent sur ce qui pourrait se produire. Par exemple, lundi, le dollar canadien a chuté à son plus bas niveau en 20 ans. Je pense qu’il est descendu en dessous de 0,68 US, hum, mais plus tard dans la journée, il a rebondi lorsque le, euh, le délai de 30 jours a été annoncé.
Il y a donc beaucoup de volatilité à court terme. J’espère qu’une fois que nous aurons plus de précisions sur les politiques à venir — je ne sais pas combien de temps il faudra pour obtenir cette certitude —, la volatilité diminuera. Mais si des tarifs sont effectivement imposés pendant une période de temps significative. En ce qui concerne les marchandises d’origine canadienne qui entrent sur le marché américain, je ne crois pas qu’il soit exagéré de dire que cela pourrait représenter un changement radical dans la situation économique fondamentale du Canada. J’ai vu des représentants de l’industrie dire que cela pourrait entraîner des licenciements massifs dans certains secteurs dans la semaine suivant l’entrée en vigueur des tarifs. Par exemple, l’industrie automobile a des chaînes d’approvisionnement fortement intégrées qui exigent une réduction des tarifs pour être financièrement viable, et des représentants de cette industrie ont mentionné que des mises à pied sont possibles. J’ai aussi vu des rapports d’économistes qui prédisent que cela pourrait causer une récession au Canada. Je pense donc que les répercussions sont extrêmement vastes. Mais encore une fois, nous ne savons pas avec certitude si cela va se produire.
Je pense que cela dépendra beaucoup des efforts diplomatiques de 30 jours.
Leah Tolton: [00:11:45] Passons donc de la discussion sur ces conséquences économiques générales à la discussion sur les conséquences commerciales et juridiques. Vous avez mentionné l’ACEUM dans votre exposé. Comment ces tarifs s’harmonisent-ils avec l’ACEUM ou entrent-ils en conflit avec celui-ci? Vont-ils entrer en conflit avec eux?
Jessica Horwitz: [00:12:15] Um, le principe fondamental des accords de libre-échange est le libre-échange. La réduction des droits de douane et l’accès aux marchés pour les produits sont la pierre angulaire de tout accord de libre-échange. Ainsi, l’imposition non seulement de la reprise ou du retrait du traitement tarifaire préférentiel qui serait disponible dans le cadre de la CUSMA, mais aussi l’imposition d’un tarif encore plus élevé et d’un niveau de droits d’importation qui ne s’appliquent pas aux autres partenaires commerciaux des États-Unis. Il entre directement en conflit avec l’ACEUM et l’Organisation mondiale du commerce, un accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. Cela contrevient donc vraiment aux règles et aux principes fondamentaux du commerce international.
Leah Tolton: [00:13:45] Que pouvons-nous faire à ce sujet? Y a-t-il des recours juridiques que le Canada pourrait utiliser en vertu des règles de l’OMC ou des mécanismes de règlement des différends de l’ACEUM? Que pouvons-nous faire à ce sujet?
Jessica Horwitz: [00:00:00] La réponse courte est donc oui, il y a des mécanismes dans ces systèmes, mais tout type de mécanisme de règlement des différends exige que les parties soient disposées à se conformer au résultat. Sinon, il peut s’agir d’un exercice où la forme l’emporte sur le fond. Um, et cela pourrait aussi être utile. Par exemple, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 10 p. 100 sur les produits chinois mardi. Um, qui avait été annoncé en même temps que le, le Mexique et le Canada, mais la Chine n’a pas été en mesure de s’assurer un report de 30 jours, um, et la Chine a déjà déposé une plainte à l’OMC et demandé des consultations pour faire connaître son opposition formelle à la mesure américaine. Vous savez, vous pouvez argumenter, et les avocats spécialisés en droit commercial et, vous savez, les partisans des politiques peuvent argumenter sur la légalité des mesures. Les différents accords de libre-échange et les accords de l’OMC prévoient des exceptions pour des raisons de sécurité nationale, euh, d’intérêts. C’est vrai. Donc, si une mesure est nécessaire pour protéger les intérêts essentiels de sécurité nationale d’un membre, elle pourrait être permise, même si elle est contraire aux autres règles des accords.
Vous savez, alors vous pourriez débattre des arguments disponibles de part et d’autre. Mais fondamentalement, je pense que les États-Unis et même l’administration précédente, sous le président Biden, ont dit très clairement qu’ils n’avaient pas intérêt à participer à l’OMC, et il semble maintenant que le président Trump ne se considère pas comme particulièrement lié par l’accord de libre-échange qu’il a négocié il y a quelques années seulement.
Donc, vous savez, le recours à un mécanisme officiel de règlement des différends ou d’arbitrage pourrait ne pas être une bonne utilisation du temps.
Leah Tolton: [00:14:15] D’accord. Et tout processus de règlement des différends ou toute plainte de ce genre se déroule à un niveau très élevé. Et donc, vous savez, je pense que même si cela se produisait, cela prendrait du temps. Il faudrait, vous le savez, une certaine volonté politique et des efforts. Pendant ce temps, les producteurs canadiens doivent composer avec les faits qui les confrontent. J’aimerais également poser une question avant de passer au point suivant. Je vous ai entendu dire dans votre exposé que certains producteurs font peut-être face à des fardeaux supplémentaires parce qu’ils sont non seulement assujettis à des tarifs, mais aussi à d’autres obstacles non tarifaires, comme des règlements plus stricts, des inspections ou des droits. Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet?
Jessica Horwitz: [00:15:45] Donc, les mesures qui ont été officiellement annoncées, euh, tant du côté des États-Unis que du côté du Canada jusqu’à présent, ont vraiment été axées sur les tarifs, donc les mesures tarifaires. Mais vous avez tout à fait raison de dire que les barrières non tarifaires sont une autre façon pour les pays de restreindre l’accès à leurs marchés aux produits exportés par d’autres partenaires commerciaux. Il en va de même pour les accords de l’OMC. De plus, la plupart des accords de libre-échange du Canada comportent des chapitres ou des articles qui traitent de la réduction des barrières non tarifaires. Parce que dans une zone de libre-échange, l’idée est que la réduction des barrières non tarifaires améliorera l’efficacité pour tout le monde. Il sera plus facile de faire des affaires, il n’y aura pas autant de formalités administratives, il y aura moins d’obstacles réglementaires contradictoires à surmonter.
Mais si vous retirez la préférence tarifaire, rien n’empêche une partie de concevoir également des mesures qui représentent des obstacles non tarifaires au commerce. Des choses comme les restrictions quantitatives. Donc, vous savez, restreindre la quantité d’importations et d’exportations de biens particuliers. Il peut s’agir d’obstacles réglementaires, comme le fait de cesser de fournir les certifications nécessaires, les certifications phytosanitaires pour les produits alimentaires, par exemple.
Il pourrait y avoir d’autres taxes sur diverses activités économiques, comme les taxes sur les services, qui ne sont pas des droits de douane parce que, vous savez, les droits de douane s’appliquent aux biens, mais, vous savez, il y a des mécanismes en place, ou accessibles aux gouvernements, s’ils souhaitent les concevoir, qui pourraient représenter un levier supplémentaire ou, je suppose, des armes dans la guerre commerciale pour, um, l’absence d’un meilleur terme.
Nous n’avons pas entendu de politiciens confirmer de façon définitive que ce genre de mesures sont sur la table, n’est-ce pas? Je dois donc imaginer que, euh, qu’il y a un brainstorming en cours, mais, euh, jusqu’à présent nous n’avons pas, euh, nous ne sommes pas allés jusque là.
Leah Tolton: [00:23:30] Vous avez mentionné dans un commentaire précédent que les tarifs ne s’appliquent pas aux services, mais aux biens. J’aimerais donc vous demander si des services comme la diffusion numérique en continu, l’infonuagique ou les logiciels pour les deux entreprises ne sont pas touchés par les tarifs, si cela pourrait constituer une possibilité de représailles ou une incitation potentielle à la diversification de ce que le Canada produit et exporte?
Jessica Horwitz: [00:17:27] Je dirais potentiellement oui aux deux. Donc, comme je viens de le mentionner, une mesure fiscale sur les services ne représenterait pas un tarif.
Il s’agirait d’un autre type de mesure fiscale. Hum, mais c’est possible. Par exemple, la taxe canadienne sur les services numériques, euh, a été très controversée, surtout en ce qui concerne les États-Unis. Vous vous demandez peut-être si c’est l’un des points qui préoccupent les États-Unis, mais c’est intéressant parce que les États-Unis jouissent d’un excédent commercial assez important avec le Canada dans le secteur des services. Il s’agit surtout de voyages et de tourisme. Pensons au nombre de retraités migrateurs canadiens qui se rendent aux États-Unis et qui y dépensent de l’argent. Mais aussi des choses que vous avez mentionnées comme les services technologiques, le divertissement et la diffusion numérique en continu.
Ainsi, les Canadiens achètent plus de services des États-Unis que les Américains n’achètent de services du Canada. Donc, si vous examinez le commerce dans son ensemble, y compris les biens et les services, le Canada a un déficit commercial global avec les États-Unis, selon Statistique Canada. C’est donc certainement un domaine auquel, comme je l’ai dit, je dois imaginer que les décideurs réfléchissent, mais les taxes sur les services sont beaucoup plus difficiles à concevoir, à administrer et à appliquer parce qu’il est facile d’arrêter un conteneur à la frontière et de voir ce qu’il contient, mais il est plus difficile de surveiller qui envoie un courriel ou qui appelle sur Zoom avec quelqu’un d’autre dans une autre administration.
Leah Tolton: [00:20:00] D’accord, revenons aux entreprises familiales, à mes organisations qui ont une société en exploitation, peut-être des biens immobiliers, peut-être d’autres fonds à investir et des choses qu’elles essaient d’accomplir. Comment les entreprises familiales canadiennes qui fabriquent des biens au Canada et qui exportent aux États-Unis devraient-elles se préparer face à toute cette incertitude et à toute cette perturbation potentielle?
Jessica Horwitz: [00:21:12] Eh bien, Leah, au risque de sembler banal, je pense que la meilleure chose que les entreprises peuvent faire est de s’assurer qu’elles ont des fondamentaux solides et de prévoir ensuite l’imprévu, car il n’y aura pas nécessairement toujours une exemption à toute épreuve ou une sorte d’échappatoire juridique que les entreprises pourront exploiter pour éviter l’impact de ces politiques si une politique gouvernementale est spécifiquement conçue pour causer des dommages économiques.
Les personnes qui conçoivent ces politiques sauront quelles sont les échappatoires, et elles les concevront pour les éviter. Par conséquent, les entreprises ne peuvent pas faire grand-chose pour se protéger à 100 % des risques, à moins, bien sûr, de ne pas faire du tout de commerce international.
Vous savez, le Canada est un pays commerçant et sa demande et sa population intérieures sont relativement faibles. Ce n’est donc pas vraiment une option viable pour beaucoup d’entreprises qui veulent croître. Alors, que peuvent faire les entreprises pour se préparer du mieux qu’elles le peuvent et se positionner pour être en mesure de s’adapter et de changer rapidement lorsque de nouvelles mesures sont annoncées.
La première chose que je dirais, c’est de revoir vos contrats. Sachez quels sont vos risques et qui assume les droits de douane. Et pour cela, il est très important de comprendre les modalités de livraison, si vous vendez des biens, par exemple, où êtes-vous obligé de les livrer? Qui les livre aux États-Unis, par exemple, avec l’autorisation de douane, ou les livrez-vous ailleurs et votre client les importe, puis le client assume la responsabilité.
Donc, la première étape consiste à comprendre qui est responsable de quoi et qui est responsable. Deuxièmement, si vous réfléchissez aux mécanismes qui existent aux États-Unis, dans vos contrats, pour vous donner une porte de sortie, pour vous donner une stratégie de sortie au cas où il y aurait un changement fondamental dans les conditions affectant, euh, votre capacité à exécuter le contrat à l’avenir.
Leah Tolton: [00:24:34] Donc, vos commentaires en réponse à cette question concernaient en grande partie les accords existants, vous savez, les contrats existants, les engagements existants, vous savez, trouver des moyens d’honorer les engagements existants que vous avez peut-être pris. Existe-t-il des stratégies viables pour les entreprises familiales afin de diversifier leurs activités au-delà du scénario actuel? Y a-t-il des façons d’explorer d’autres marchés? Y a-t-il d’autres traités ou accords favorables qu’ils pourraient envisager comme moyen de diversifier leurs activités au-delà des intérêts des États-Unis?
Jessica Horwitz: [00:25:04] Je pense que c’est une excellente question, Leah, et c’est amusant parce que nous avons publié un blog il y a quelques semaines qui, essentiellement, est disponible pour tous vos auditeurs sur le site web de Bennett Jones. Nous avons une petite trousse d’outils que les entreprises peuvent télécharger pour essayer de diagnostiquer leur état de préparation tarifaire. Donc, certains des points d’évaluation de la portée que je viens de mentionner sont là. Vous pouvez télécharger ce document sous la forme d’une liste de contrôle interne ou d’un document de discussion, mais nous étions en train de le préparer et nous nous sommes demandé si nous ne devrions pas y inclure une recommandation relative à la diversification? Parce que cela semble tellement évident que cela va presque sans dire, mais en même temps, c’est en quelque sorte la raison pour laquelle nous sommes dans cette situation en premier lieu, c’est que le Canada a peut-être pris la relation avec les États-Unis un peu pour acquise, et il est évident que les États-Unis sont un marché très facile d’accès. C’est très proche. Les transports y sont peu coûteux. Il n’y a pas de barrière linguistique, et c’est un pays riche. C’est un excellent marché, n’est-ce pas? Je pense donc que beaucoup d’entreprises et l’économie canadienne dans son ensemble ne se sont pas diversifiées autant que nous aurions pu le faire parce que nous prenions le fruit du hasard. Mais si les fruits à portée de main ne sont plus disponibles, cela vous oblige à sortir de votre zone de confort et à envisager d’autres options. Je pense donc qu’à moyen et long terme, les entreprises devraient absolument chercher à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement ainsi que leurs marchés clients afin de s’assurer qu’elles sont moins exposées à une perturbation des relations commerciales. En étant trop dépendant d’un partenaire en particulier. Il y a donc plusieurs façons d’y parvenir. Le Canada a beaucoup d’autres accords de libre-échange que l’ACEUM. Nous avons un accord de libre-échange avec l’Union européenne, l’AECG. Nous avons un accord de libre-échange avec un grand groupe de grandes économies asiatiques et de pays du Pacifique, le PTPGP. Il s’agit notamment de marchés très importants et de grandes économies qui sont des partenaires commerciaux et qui, euh, bénéficient d’une référence tarifaire, d’un accès au marché, euh, de toutes les protections typiques d’un accord de libre-échange lorsque les parties le respectent. Le Service des délégués commerciaux du Canada est un ministère d’Affaires mondiales Canada qui a pour mission d’aider les entreprises canadiennes à exporter et à accéder aux marchés étrangers. Le gouvernement canadien dispose donc de ressources pour aider les entreprises, par exemple, à organiser des rencontres de réseautage d’affaires avec des partenaires commerciaux potentiels sur les marchés étrangers. Les services consulaires d’Affaires mondiales Canada peuvent aussi aider à établir ce genre de liens. Exportation et développement Canada offre des produits d’assurance qui peuvent aider les entreprises à réduire les risques d’exportation, comme l’assurance crédit à l’exportation qui peut protéger vos liquidités si un client étranger ne paie pas à temps, par exemple. Il est également possible de songer à trouver des partenaires. Si votre entreprise n’est pas en mesure de gérer la logistique internationale ou d’établir des liens avec, euh, des partenaires sur des marchés étrangers, envisagez de vous associer à une société commerciale, peut-être à une autre entreprise canadienne qui se spécialise dans la vente sur des marchés étrangers et qui peut agir comme intermédiaire ou qui peut vous offrir un service pour vous aider à accéder à ces marchés. Ensuite, il y a une autre chose, c’est que, contrairement à la diversification que je viens de mentionner, il faut aussi penser au marché canadien. Au cours des derniers jours, nous avons beaucoup entendu parler, surtout de la part des premiers ministres provinciaux, de la nécessité pour le Canada de réduire ses barrières internes entre les provinces et d’améliorer nos échanges commerciaux entre les provinces. Une grande partie de cela, bien sûr, est liée aux problèmes d’infrastructure. Le Canada est un très grand pays. Il est difficile de transporter des marchandises par voie terrestre à travers le pays. Il est parfois plus facile de mettre quelque chose sur un bateau pour aller ailleurs en Asie ou aux États-Unis, euh, vous connaissez la côte Est ou Ouest ou le golfe, euh, que d’apporter quelque chose par voie terrestre au Canada. Mais, euh, il y a certainement des marchés intérieurs, il y a des possibilités particulières d’une région à l’autre qui ne sont peut-être pas exploitées au maximum par les entreprises canadiennes.
Leah Tolton: [00:29:09] Il y a donc beaucoup de matière à réflexion, et je vous remercie de cette réponse. Cela donne l’impression que la situation est un peu moins désespérée. Comme si nous étions un peu moins à la merci des États-Unis, même si j’en déduis peut-être trop. Mais j’ai l’impression qu’il y a là des lueurs d’espoir et des suggestions vraiment concrètes qui pourraient être utiles. Vous savez, si l’on examine la situation dans son ensemble et que l’on regarde vers l’avenir, ces tarifs pourraient-ils nuire involontairement aux entreprises et aux clients américains?
Jessica Horwitz: [00:29:34] Je ne suis pas économiste, donc je mets en garde mes commentaires en disant que c’est mon opinion, mais vous savez, j’ai suivi quelques cours d’économie à l’université, et je pense qu’il est juste de dire qu’un principe de base de l’économie est que le coût des tarifs est, d’une manière ou d’une autre, toujours supporté par le consommateur final, parce que lorsque le coût des matériaux et de la main d’œuvre augmente, les entreprises augmentent les prix, et cela se répercute au fil du temps. La chaîne, la théorie qui sous-tend la mondialisation est qu’elle permet aux pays de se spécialiser dans les domaines où ils sont les plus efficaces. En principe, cela permet de réduire le coût des matériaux et de la main-d’œuvre pour tout le monde et d’augmenter le gâteau. C’est du moins le genre de théorie économique. Donc, si vous construisez des murs tarifaires pour promouvoir, vous savez, un retour de la fabrication nationale, je pense qu’il est important de garder à l’esprit que cela aura également pour effet d’augmenter les coûts des intrants, par exemple, les fabricants américains. Je ne vais donc pas me prononcer sur le bien-fondé des droits de douane. Je pense que vos auditeurs peuvent tirer leurs propres conclusions à ce sujet et je laisserai aux politiciens le soin d’en débattre. Mais il est certain que les droits de douane risquent fort d’avoir un impact négatif sur les entreprises et les consommateurs américains, ainsi que sur les partenaires commerciaux.
Leah Tolton: [00:30:56] Alors, quels effets à long terme pensez-vous que cette tension commerciale pourrait avoir sur les relations canado-américaines?
Jessica Horwitz: [00:31:04] Je pense que, à tout le moins, cela sonne probablement l’alarme pour le Canada, qui se rend compte à quel point nous sommes dépendants du marché américain et étroitement liés à lui. Je ne pense pas que ce soit nécessairement une mauvaise chose, car la relation est très forte. Cette relation a toujours été solide. Mais je pense qu’il est juste de dire que nous ne devrions pas considérer cette relation comme acquise. Et je pense que le Canada pourrait être un peu plus prudent à l’avenir en diversifiant, vous savez, ses relations diplomatiques de la même façon que les entreprises pourraient penser à diversifier leurs relations commerciales.
Leah Tolton: [00:31:40] C’est exact. Donc, pour résumer ce que je vous ai entendu dire. Pendant que vous parliez, les tarifs douaniers américains posent des défis importants, mais ils mettent aussi en évidence des occasions pour les entreprises familiales canadiennes de s’adapter, d’innover et de se diversifier. Et j’entends dire que l’une des principales leçons à tirer pour nos auditeurs est d’être proactif, d’explorer d’autres marchés, de tirer parti des accords commerciaux existants avec d’autres parties que les États-Unis, d’effectuer des ajustements stratégiques avant que les nouveaux tarifs entrent pleinement en vigueur.
Jessica Horwitz: [00:32:13] Excellent résumé.
Leah Tolton: [00:32:14] Jessica, cette conversation a été formidable et je sais que vous êtes très occupée à répondre aux nombreuses demandes de renseignements que vous recevez de la part de personnes sur ce sujet. Je vous suis très reconnaissante d’avoir pris le temps de participer au balado. Merci beaucoup.
Jessica Horwitz: [00:32:29] Ce fut un plaisir. Nous vous remercions.
Leah Tolton: [00:32:31] Merci de vous joindre à moi pour cet épisode de Beyond Succession, une série dans le balado de Bennett Jones Business Law Talks. Assurez-vous d’appuyer sur le bouton suivant sur la plateforme d’où vous écoutez afin d’être informé chaque fois que nous lançons de nouveaux épisodes. N’hésitez pas non plus à communiquer avec nous si vous avez des questions au sujet des défis ou des problèmes auxquels vous êtes confrontés dans votre entreprise familiale. Prenez soin de vous. Je vous donne rendez-vous au prochain épisode.
Traduction alimentée par l’IA.
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