Écrit par Jared Mackey and Darcy Moch
Le 18 juillet 2017, le ministre des Finances, Bill Morneau, a annoncé des changements radicaux à la façon dont les entreprises privées et leurs actionnaires sont imposés. Les propositions du gouvernement englobent trois grands domaines : (1) la répartition du revenu (c.-à-d. le recours à une société privée pour répartir le revenu entre les membres de la famille afin de créer des économies d’impôt); 2) gagner un revenu de placement passif dans une société privée; et (3) convertir le revenu régulier d’une société en gains en capital. L’annonce était accompagnée d’un avant-projet de loi, de notes explicatives et d’un document de consultation. Les propositions sont assujetties aux commentaires du public pour une période de 75 jours, se terminant le 2 octobre 2017.
Depuis la publication des propositions, la communauté fiscale a soulevé plusieurs préoccupations concernant l’incidence sur les propriétaires d’entreprises canadiennes. Plutôt que de fournir un examen approfondi des aspects techniques des propositions, cet article résume certaines des principales préoccupations soulevées jusqu’à présent.
- Vaste portée : Les propositions du gouvernement étaient ostensiblement visant à éliminer les « échappatoires » utilisées par les Canadiens les plus riches et leurs sociétés privées. Toutefois, plutôt que de cibler le « 1 % » supérieur des particuliers, les propositions toucheront tous les propriétaires de petites entreprises, les professionnels et les fermes familiales du Canada. Si elles sont mises en œuvre, les propositions entraîneront une confiscation importante des actifs des entreprises privées, et les particuliers de tous les niveaux de revenu verront leur épargne réduire.
- Réduction de la compétitivité du Canada : En raison des récentes hausses des taux d’imposition, à l’échelle fédérale et provinciale, les particuliers canadiens sont déjà assujettis à certains des taux d’imposition les plus élevés au monde (p. ex. 48 % et 53,53 % en Alberta et en Ontario, respectivement). En plus de ces taux, les propositions du gouvernement rendent le Canada non compétitif pour vivre et faire des affaires. Les particuliers et les entreprises fortunés quittent le Canada ou, ce qui est tout aussi important, ne viennent pas au Canada, ce qui a entraîné et entraînera une diminution globale de l’assiette fiscale. Le manque d’investissement au Canada aura également pour effet de réduire la base économique, ce qui entraînera une diminution des possibilités d’emploi.
- Confondre l’égalité et l’équité : Le gouvernement a énoncé à maintes reprises son objectif d’améliorer l’équité du régime fiscal. Toutefois, les propositions du Gouvernement sont plus justement décrites comme visant l’égalité. Juste ne signifie pas toujours égal. La réalité d’un propriétaire d’entreprise diffère grandement de la réalité d’un employé, et le traiter également donne lieu à une nouvelle injustice. La souplesse actuelle de la Loi de l’impôt sur le revenu est un compromis pour la quantité vaste et illimitée d’exposition personnelle et de risque que les propriétaires d’entreprise prennent par rapport aux employés. Les propositions du gouvernement témoignent d’un manque de reconnaissance et d’appréciation de la prise de risques et, par conséquent, peuvent entraîner une diminution importante des investissements des entreprises et de la croissance économique.
- Les propositions sont complexes et irréalisables : si les propositions du gouvernement sont adoptées, les règles applicables aux sociétés privées deviendront beaucoup plus compliquées. Les coûts de conformité augmenteront, ce qui nuira à l’activité commerciale productive. Des exigences de déclaration vagues et onéreuses peuvent s’avérer irréalisables pour de nombreuses entreprises privées ayant des ressources limitées en comptabilité et en fiscalité.
- Changements brusques : Bon nombre des propositions du gouvernement pourraient s’appliquer à toutes les opérations effectuées à compter du 18 juillet 2017, et certaines règles tiendront compte des opérations effectuées avant cette date. Par conséquent, de nombreuses entreprises privées et de nombreux actionnaires peuvent, par inadvertance, contrevenir aux nouvelles mesures.
- Niveau d’impôt punitif sur le revenu de placement passif détenu par une société lorsque le capital provient des bénéfices d’une entreprise active : Afin de corriger un avantage de report d’impôt perçu comme injuste, le gouvernement a proposé d’augmenter le taux d’imposition du revenu de placement passif détenu par une société lorsque le capital provient de gains d’une entreprise active. En Alberta et en Ontario, les taux d’imposition effectifs sur ce revenu pourraient atteindre 71 % et 73 %, respectivement. Ces taux sont punitifs et ne peuvent être considérés comme équitables.
- Objectif commercial véritable de laisser des bénéfices non répartis dans une société : Les propositions du gouvernement encouragent les actionnaires à retirer tous les fonds excédentaires d’une entreprise, plutôt que d’investir prudemment pour atténuer les risques commerciaux. Il existe souvent des raisons valables de maintenir les bénéfices actifs d’une entreprise dans une entreprise, notamment de s’assurer qu’il existe un filet de sécurité pour les fluctuations économiques et les dépenses imprévues, de soutenir la croissance et l’expansion et de soutenir la cote de crédit de l’entreprise. Le système actuel est conçu pour encourager les propriétaires d’entreprise à prendre des risques et à réinvestir dans l’économie.
- Le revenu passif n’est pas nécessairement sans risque : les propositions du gouvernement ne précisent pas clairement quel type de revenu de placement sera assujetti à des taux d’imposition plus élevés. Dans de nombreux cas, comme les investissements dans d’autres sociétés privées et les biens locatifs, ce que l’on appelle le revenu de placement passif est intrinsèquement risqué.
- Régimes de retraite privés : Contrairement aux employés, la plupart des propriétaires d’entreprise n’ont pas accès aux régimes de retraite et aux régimes de retraite assistés par l’employeur. Dans de nombreux cas, l’entreprise est le seul actif important du propriétaire. Les propositions du gouvernement limiteront la capacité des propriétaires d’entreprise d’établir des fonds pour la retraite.
- Décourager les transferts intergénérationnels : Les propositions du gouvernement découragent le transfert intergénérationnel d’entreprises privées et d’exploitations agricoles. L’impôt sur le décès augmentera et pourrait être assujetti à un double impôt lorsque le défunt détient un investissement de plus de 10 % dans des actions d’une société et transmet cette société à un membre de la famille lié. Les propositions favorisent les ventes à des acheteurs non liés, y compris des acheteurs étrangers et des sociétés ouvertes.
- Distorsion du marché de la vente d’actions : Les propositions du gouvernement feront en sorte qu’il sera plus difficile pour les actionnaires individuels de demander l’exonération des gains en capital. Par conséquent, un plus grand nombre d’acheteurs peuvent éviter d’acheter des actions par rapport aux actifs, à moins que les vendeurs n’offrent un rabais substantiel.
- Fractionnement du revenu : Les propositions du gouvernement empêcheront de nombreuses entreprises privées de verser des dividendes aux membres de leur famille, ce qui découragera la possibilité de diviser le revenu d’une entreprise privée. En fondant l’imposition sur une base individuelle par personne, plutôt que sur une base d’unité familiale, les propositions ne reconnaissent pas et n’apprécient pas les contributions indirectes que les époux et les conjoints de fait peuvent apporter à une entreprise prospère (p. ex., un parent au foyer). De nombreux pays concurrentiels permettent une certaine forme de fractionnement du revenu entre les membres de la famille, par exemple en permettant des déclarations de revenus consolidées. Les propositions augmenteront le fardeau fiscal global des propriétaires d’entreprise, rendant ainsi le Canada moins attrayant par rapport aux autres pays. Fait à noter, le gouvernement n’a indiqué aucun plan visant à abandonner le fractionnement des pensions, ce qui profite plus souvent aux employés.
- Rédaction large et vague : Dans la mesure où le gouvernement a publié un avant-projet de loi, le projet de loi est extrêmement large, autoritaire et vague. Par exemple, une règle anti-évitement proposée déclencherait apparemment un impôt injustifié pour les opérations de sociétés courantes, comme la vente d’actifs de sociétés pour un gain en capital et la distribution du produit sous forme de dividende ou le remboursement d’un prêt aux actionnaires. Il y aura des avantages fiscaux pour les grandes sociétés internationales qui ne sont pas touchées par ces règles. Par conséquent, les entreprises privées canadiennes seront désavantagées sur le plan de la concurrence par rapport aux sociétés publiques et aux sociétés non canadiennes.
Le ministre Morneau a indiqué que la loi éditant les modifications fiscales proposées sera adoptée « rapidement » une fois les consultations terminées. À la lumière du dialogue constructif qui a déjà lieu dans le milieu fiscal et entre les entreprises privées, nous espérons que le gouvernement réfléchira davantage à la façon dont leurs propositions affecteront l’économie canadienne, à la question de savoir si des impôts supplémentaires seront réellement perçus et si l'« équité » fiscale sera réellement atteinte.
Si vous souhaitez obtenir de l’aide pour répondre au document de consultation, ou si vous avez des questions ou des préoccupations au sujet de l’incidence potentielle des propositions du gouvernement sur votre entreprise privée, veuillez communiquer avec un membre de notre service fiscal.
Traduction alimentée par l’IA.
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