Écrit par Lincoln Caylor, Maureen Ward, Mark Jewett, David Gruber, Simon Grant, Nathan Shaheen and Jessica Horwitz
Le 15 juin 2022, la Commission d’enquête sur le blanchiment d’argent en Colombie-Britannique a publié son très attendu rapport Final Report qui vient après des années de travail et un examen de nombreuses preuves, y compris les témoignages de près de 200 témoins. Dirigée par le juge Austin Cullen de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, la Commission a été créée pour enquêter et faire rapport sur l’ampleur du blanchiment d’argent en Colombie-Britannique, le rôle et l’efficacité des organismes de réglementation et les obstacles à l’application de la loi.
Le message clé énoncé dans le rapport de 1800 pages était clair : le blanchiment d’argent est un problème important en Colombie-Britannique et, de l’avis de la Commission, les gouvernements fédéral et provinciaux ont été largement inefficaces pour y remédier. La Commission a spécifiquement attiré l’attention sur l’unité du renseignement financier du Canada, le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), pour avoir fait un faible nombre de communications aux organismes locaux d’application de la loi, indiquant que les entités d’application de la loi en Colombie-Britannique ne peuvent pas compter sur CANAFE pour produire en temps opportun des renseignements utiles sur les activités de blanchiment d’argent qu’elles peuvent mettre en œuvre.
La Commission a critiqué la décision du gouvernement fédéral de dissoudre les unités intégrées des produits de la criminalité (IICP) en 2012, une décision qui n’a effectivement laissé aucun organisme d’application de la loi ayant la responsabilité principale d’enquêter sur le blanchiment d’argent ou les produits de la criminalité dans la province. La Commission a décrit cela comme un « moment charnière » qui a permis au blanchiment d’argent dans divers secteurs de l’économie de croître sans contrôle pendant la majeure partie d’une décennie. La Commission a noté qu’en l’n’ayant pas d’unité spécialisée, les enquêtes sur le blanchiment d’argent qui auraient été menées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) étaient assujetties au processus fédéral d’établissement des priorités et étaient mises en balance avec d’autres pressions et priorités, comme la sécurité nationale.
Lors d’un point de presse tenu peu après la publication du rapport, le commissaire Cullen a souligné que la Commission n’était pas en mesure de commenter davantage les organismes fédéraux, mais a reconnu que les recommandations énoncées dans le rapport dépendent de la coopération et de l’harmonisation entre le Canada et la province.
Le commissaire Cullen déclare dans le rapport que « le blanchiment d’argent a pour origine des crimes qui détruisent des collectivités, comme le trafic de drogues, la traite de personnes et la fraude ... Un thème général qui est ressorti au cours de cette enquête est que le blanchiment d’argent se voit rarement accorder la priorité qu’il exige. Compte tenu de la teneur du rapport et de l’appui politique et public prévu à l’égard des mesures à prendre en Colombie-Britannique, il semble probable que des changements, du moins à l’échelle provinciale, conformément à bon nombre des recommandations, soient à venir.
Principales recommandations
Le rapport contient 101 recommandations et cet affichage vise à identifier celles qui sont les plus notables. En particulier, la Commission recommande que la Colombie-Britannique mette en œuvre deux réformes clés pour mieux lutter contre le blanchiment d’argent dans la province. Ces réformes visent à accroître la visibilité et à mettre l’accent sur les questions de blanchiment d’argent tout en réduisant ce que la Commission a décrit comme une lacune flagrante en matière d’application de la loi qui a permis au blanchiment d’argent de proliférer depuis 2012.
- Création d’un poste de commissaire indépendant en matière de lutte contre le blanchiment d’argent en Colombie-Britannique
La Commission propose la création d’un poste de commissaire à la lutte contre le blanchiment d’argent (LBC) pour assurer une surveillance permanente et stratégique du blanchiment d’argent dans la province. Le rapport suggère que les crimes de blanchiment d’argent ont moins de visibilité que d’autres crimes peuvent être négligés par les forces de l’ordre. La Commission affirme que la création d’un poste de commissaire à la lutte contre le blanchiment d’argent tiendrait le public informé des risques de blanchiment d’argent, fournirait à la province une plus grande surveillance stratégique des initiatives de lutte contre le blanchiment d’argent et dirigerait des groupes de travail pour aborder plus facilement les questions de blanchiment d’argent.
- Mise sur pied d’une unité provinciale spécialisée dans le renseignement et les enquêtes sur le blanchiment d’argent
La Commission recommande également la création d’une unité provinciale de lutte contre le blanchiment d’argent au sein de l’Unité mixte d’enquête sur les forces spéciales. Dans son allocution d’information, le commissaire Cullen a souligné les lacunes des organismes fédéraux, à la suite de l’effondrement de l’IICPO, à transmettre des renseignements aux autorités provinciales et locales chargées de l’application de la loi. Le rapport souligne en outre les limites inhérentes aux unités spécialisées existantes ayant des niveaux élevés de roulement. La création proposée d’une unité provinciale spécialisée dans le renseignement et les enquêtes viserait à créer l’expertise spécialisée nécessaire pour lutter contre le blanchiment d’argent. Le commissaire Cullen a souligné l’importance de donner à la province la souplesse nécessaire pour embaucher et maintenir en poste des agents et des spécialistes et, au besoin, pour travailler avec les procureurs et les maintenir en poste.
Autres recommandations
- Poursuite d’accusations de blanchiment d’argent et de produits de la criminalité
La Commission recommande que tous les organismes provinciaux d’application de la loi, dès le début des enquêtes sur les activités criminelles à but lucratif, envisagent des accusations de blanchiment d’argent et de produits de la criminalité et, dans la mesure du possible, mènent des enquêtes financières pour identifier les biens saisissables.
- Poursuivre vigoureusement la confiscation des biens
Parmi les autres recommandations concernant la confiscation d’avoirs, la Commission recommande que les organismes d’application de la loi mettent en œuvre une politique exigeant que tous les enquêteurs menant des enquêtes sur les crimes à but lucratif tiennent compte des dispositions relatives à la confiscation d’avoirs criminels et, dans la mesure du possible, élaborent les éléments de preuve nécessaires pour appuyer les demandes de confiscation.
La Commission a également recommandé que le Bureau de confiscation civile passe d’un organisme autofinancé à un organisme financé par le gouvernement doté d’une plus grande capacité opérationnelle d’enquêter sur les biens obtenus illégalement. La recommandation est de mettre l’accent sur les biens de grande valeur détenus ou contrôlés par des personnes impliquées dans des activités criminelles graves, même si le changement de financement proposé n’a pas lieu. Le Conseil fait remarquer que l’augmentation de la poursuite des biens qui peuvent être confisqués permettrait de récupérer une partie des coûts associés à l’établissement du poste de commissaire à la lutte contre le blanchiment d’argent et aux recommandations connexes.
- Utilisation d’ordres de richesse inexpliqués
La Commission recommande d’introduire des ordonnances de richesse inexpliquées (UWO) qui seraient utilisées, lorsque le propriétaire réel des actifs est soupçonné d’avoir des liens avec le crime organisé, pour obliger la production de documents concernant la provenance d’un actif d’une juste valeur marchande de plus de 75 000 $. Les UWO seraient utilisés dans les procédures civiles relatives à la confiscation d’un actif. Le Conseil affirme que cela découragerait le mouvement de fonds illicites en Colombie-Britannique.
- Réglementation de l’industrie des prêts hypothécaires
La Commission exhorte le ministre des Finances à modifier la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes afin d’introduire des exigences de déclaration pour les courtiers en hypothèques. Il exhorte également la province à moderniser le régime de réglementation qui s’applique aux courtiers en hypothèques afin de mieux dissuader les activités illégales. La Commission a noté que le budget fédéral de 2022 avait déjà proposé d’étendre les obligations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent à « toutes les entreprises qui effectuent des prêts hypothécaires au Canada » au cours de la prochaine année , un changement qui a été salué par la Commission.
- Les entreprises de services monétaires devraient être réglementées par la province
Les entreprises de services monétaires (ESM) sont des entités non bancaires qui fournissent des services de transfert et d’échange, tels que la transmission ou l’échange de fonds et l’émission ou le rachat de mandats. La Commission indique que CANAFE effectue relativement peu d’examens de conformité des ESM et que, lorsqu’ils sont effectués, il n’est pas assez tôt après l’établissement de l’ESM. Le Conseil propose que la British Columbia Financial Services Authority (BCFSA) assume le rôle de réglementation des ESM.
- Établissement d’un registre de la propriété effective des sociétés
La Commission recommande d’accélérer la mise en œuvre déjà prévue d’un registre pancanadien de la propriété effective des sociétés accessible au public avant la fin de 2023.
- Réglementation des comptables professionnels agréés
La Commission a proposé que les comptables professionnels agréés de la Colombie-Britannique commencent à autoréglementer les membres aux fins de la lutte contre le blanchiment d’argent.
- Mise en œuvre de régimes de déclaration pour les opérations en espèces de plus de 10 000 $
Pour faire face aux risques dans le secteur des produits de luxe, la Commission recommande la mise en œuvre d’un régime dans le cas où les transactions importantes en espèces supérieures au seuil de 10 000 $ sont déclarées à une autorité centrale.
- Lutte contre le blanchiment d’argent fondé sur le commerce
Le blanchiment d’argent fondé sur le commerce est le processus qui consiste à déguiser des fonds illicites et à transférer de la valeur entre les administrations au moyen d’opérations commerciales internationales. La Commission recommande la mise en place d’une unité de transparence commerciale, en utilisant l’analyse des données et en encourageant l’échange de renseignements pour aider à résoudre ce que le commissaire Cullen a décrit comme l’une des typologies de blanchiment d’argent les plus importantes et les plus répandues dans le monde.
- Réglementation de la cryptomonnaie à l’échelle provinciale
En raison de la vulnérabilité de la cryptomonnaie à l’exploitation, le Conseil recommande que la province adopte une loi réglementant les fournisseurs de services d’actifs virtuels. La Commission recommande également que la province développe une expertise interne pour améliorer les enquêtes sur le blanchiment d’argent basé sur la cryptomonnaie.
Conclusion
La publication tant attendue de ce rapport marque un tournant en Colombie-Britannique. Après de nombreuses années, les préoccupations du public se sont accumulées dans ce qui sera, s’il est mis en œuvre, un changement radical dans la façon dont le gouvernement et l’industrie s’attaquent au blanchiment d’argent dans la province. L’impact du rapport s’atteindra probablement au-delà de la Colombie-Britannique lorsque le gouvernement fédéral et d’autres provinces examineront les recommandations du rapport.
Nous continuerons d’évaluer ce rapport exhaustif et de fournir d’autres mises à jour. Si vous avez des questions sur les informations contenues dans cet article de blog ou si vous avez besoin d’un conseiller juridique concernant les litiges en matière de fraude, la criminalité financière, la conformité ou les problèmes liés à la lutte contre le blanchiment d’argent, veuillez contacter les auteurs ou un membre du Bennett Jones Groupe anti-blanchiment d’argent ou Groupe de droit de la fraude.
Les auteurs remercient Mercy Liu et Julia Mogus, les étudiantes d’été de Bennett Jones, pour leur contribution à la rédaction de ce blogue.
Traduction alimentée par l’IA.
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