Écrit par Tim Pritchard, Sharon Singh, Laurie Wright and Brienne Gloeckler
Le 8 novembre 2023, des modifications importantes à la loi sur la protection civile de la Colombie-Britannique sont entrée en vigueur. Le projet de loi 31-2023, la Emergency and Disaster Management Act (EDMA), a remplacé l’Emergency Program Act, RSBC 1996, ch 111 (l’EPA), qui régit le régime d’intervention d’urgence de la Colombie-Britannique au cours des trois dernières décennies. L’EDMA a été conçue en collaboration avec les nations autochtones conformément au plan d’action de la province élaboré en vertu de la Loi sur la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, SBC 2019, ch. 44 (DRIPA).
La modernisation vise à intégrer les principaux aspects de la gestion des urgences qui sont absents du régime actuel, y compris la reconnaissance du lien entre l’augmentation des situations d’urgence et les changements climatiques, et la prise en compte des quatre phases de la gestion des urgences énoncées dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe des Nations Unies, que la Colombie-Britannique a adopté en 2018. Ces ajouts sont impératifs compte tenu de la fréquence croissante des catastrophes liées au climat qui touchent toutes les collectivités de la province.
En plus d’élaborer un cadre de gestion des catastrophes plus complet, la loi modernisée vise à fournir un rôle de leadership plus important aux communautés autochtones dans la gestion des urgences. Grâce à un cadre de cogestion fondé sur des ententes, le nouveau régime intégrera les droits inhérents des peuples autochtones tels qu’ils sont énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). Les autorités locales, les organes directeurs autochtones et le gouvernement provincial partageront les responsabilités en matière de planification des mesures d’urgence et seront en mesure d’exercer collectivement le pouvoir en cas d’urgence.
L’EPA
Le régime actuel de gestion des urgences reconnaît deux ordres de gouvernement : provincial et local. Le gouvernement provincial et les autorités locales, comme les administrations municipales, ont trois principaux pouvoirs décisionnels en vertu de l’EPA : la préparation de plans d’urgence, les déclarations d’état d’urgence provinciaux et locaux et l’exercice de pouvoirs d’urgence. Il n’y a aucune obligation expresse pour l’un ou l’autre ordre de gouvernement de consulter ou de coopérer avec les autorités autochtones dans l’exercice de ces pouvoirs décisionnels.
EDMA
Principes et concepts clés
Organes directeurs autochtones : L’EDMA établit des processus pour reconnaître les organes directeurs autochtones en tant que décideurs en matière de gestion des urgences. Les peuples autochtones peuvent choisir d’autoriser des entités nouvelles ou existantes pour la prise de décisions en matière de gestion des urgences. Les organes directeurs autochtones peuvent conclure des ententes pour exercer leurs pouvoirs décisionnels, comme nous le voir plus en détail ci-dessous.
La législation adopte le concept et la définition des organes directeurs autochtones de la DRIPA. En vertu de la DRIPA, un organe directeur autochtone est une entité autorisée par les peuples autochtones à agir en leur nom.
Nations signataires de traités modernes : Afin de mieux aborder la relation spéciale de gouvernement à gouvernement qui existe au moyen d’un accord définitif moderne, l’AEDE désigne les Nations signataires de traités modernes comme des autorités locales distinctes en ce qui concerne leurs zones de traités. Le ministre de la Gestion des urgences et de la Préparation climatique (le ministre) et le lieutenant-gouverneur en conseil n’auront pas les mêmes pouvoirs de surveillance sur les Nations signataires de traités modernes que sur d’autres autorités locales, comme les administrations municipales et régionales. Le ministre ne sera pas en mesure d’approuver ou d’annuler les décrets d’urgence dans les zones visées par un traité ou d’ordonner à une nation signataire d’un traité moderne de prendre certaines mesures, comme la prolongation de l’état d’urgence dans sa zone de compétence ou la réalisation d’évaluations des risques ou de plans de gestion des urgences. À l’extérieur de leur zone de traité, les Nations signataires de traités modernes auront les mêmes droits que les organes directeurs autochtones et pourront conclure des ententes de coopération et de consultation avec la province en ce qui concerne les territoires traditionnels non visés par un traité.
Territoire traditionnel et zones de traités : L’EDMA reconnaîtra les territoires traditionnels et l’existence d’intérêts territoriaux qui se chevauchent. Tel que défini dans la LMTD, le territoire traditionnel fait référence aux zones géographiques que les Premières Nations identifient comme des terres qu’elles et leurs ancêtres occupaient et utilisaient. Les obligations et les accords de consultation et de coopération découlant de la nouvelle législation sont fondés sur les territoires traditionnels et les zones de traités. L’EDMA ne décrit pas expressément quels mécanismes, le cas échéant, existeront dans la législation pour traiter les conflits potentiels dans les territoires qui se chevauchent.
Répercussions disproportionnées et sécurité culturelle : Pour faire face aux répercussions disproportionnées des urgences sur les peuples autochtones, les évaluations des risques et les plans de gestion des urgences créés en vertu de l’AEDA doivent tenir compte des facteurs de « désavantage intersectionnel », comme l’âge, l’incapacité, le statut socioéconomique, le statut racialisé, l’identité de genre et l’orientation sexuelle, qui augmentent tous la probabilité de subir des répercussions disproportionnées. De plus, la définition de « situation d’urgence » est élargie pour inclure les événements qui posent un risque pour les objets et les sites ayant une valeur culturelle. On ne sait pas encore quels critères seront utilisés pour déterminer quels objets et sites culturellement précieux seront visés par cette définition.
Connaissances autochtones : L’EDMA reconnaît explicitement la valeur et l’importance des connaissances autochtones dans la gestion des urgences. Les ministres du gouvernement, les autorités locales, les propriétaires d’infrastructures essentielles et les organismes du secteur public seront tenus d’inclure les connaissances autochtones disponibles dans leurs évaluations des risques et leurs plans de gestion des urgences. L’EDMA offre des protections de confidentialité pour les connaissances autochtones afin de s’assurer que les renseignements ne sont pas divulgués à moins que certaines conditions ne soient remplies. À l’heure actuelle, le pouvoir pour les organes directeurs autochtones de prendre des mesures préventives fondées sur les connaissances autochtones n’est pas expressément accordé. Les règlements ou les ententes conclus en vertu de la LCEE pourraient régler ce problème à l’avenir.
Cogestion et prise de décision partagée
L’EDMA établit un cadre de collaboration entre les différents ordres de gouvernement. Le cadre permettra aux entités autochtones de participer à toutes les phases de la gestion des urgences au moyen d’ententes et d’activités de consultation.
Accords de coordination et de collaboration
Afin de promouvoir la coordination et la collaboration, le nouveau régime permettra aux organes directeurs autochtones et à d’autres décideurs de conclure des ententes concernant l’exercice des pouvoirs de gestion des urgences. Les autorités locales seront tenues de communiquer avec les organismes de gouvernance autochtones et de faire des efforts raisonnables pour en arriver à une entente avec eux concernant les territoires traditionnels et/ou les zones de traités inclus dans les plans de gestion des urgences des autorités locales lorsque l’entité prépare, examine ou révise un plan de gestion des urgences.
L’EDMA autorise quatre types d’accords qui sont autorisés par le DRIPA : les accords de coordination, les accords de coordination spécifiés, les accords décisionnels et les accords de pouvoir statutaire.
Les ententes de coordination coordonneront l’exercice des pouvoirs d’intervention et de rétablissement prévus par la loi et du droit inhérent des organismes directeurs autochtones à l’autonomie gouvernementale d’intervenir en cas d’urgence ou de s’en remettre. Une entente pourrait, par exemple, nécessiter une consultation avant que le gouvernement provincial n’exerce un pouvoir. Une entente de coordination doit comprendre un processus de règlement des différends liés à l’entente.
Des ententes de coordination précises imposent des restrictions à l’utilisation et à l’exécution par un gouvernement non autochtone de ses pouvoirs et de ses fonctions d’intervention et de rétablissement. Les ententes décisions et les ententes de pouvoirs prévus par la loi permettent l’exercice conjoint ou sur consentement des pouvoirs conférés par la loi en vertu de la LCEE.
Au moins une fois par année civile, la province sera tenue d’inviter les organes directeurs autochtones qui sont parties à des ententes à rencontrer le ministère de la Gestion des urgences et de la Préparation climatique pour discuter de l’efficacité de leurs ententes.
Obligations en matière de consultation et de coopération
La province, les administrations locales et les propriétaires d’infrastructures essentielles seront tenus de consulter les organes directeurs autochtones et de collaborer avec ceux-là à toutes les étapes de la gestion des urgences. Les entités non autochtones doivent mener des activités de consultation auprès des organes directeurs autochtones lorsqu’elles élaborent des évaluations des risques et des plans de gestion des urgences qui couvrent les territoires traditionnels et/ou les zones de traités. Les plans et les évaluations s’appuieront sur l’information recueillie au cours des activités de consultation ainsi que sur les connaissances autochtones disponibles.
De plus, le gouvernement provincial et les autorités locales seront tenus de consulter les organes directeurs autochtones avant d’exercer certains pouvoirs d’intervention et de rétablissement, comme les pouvoirs d’évacuation et de réintégration, lorsque l’exercice aura une incidence sur le territoire traditionnel ou les zones visées par un traité.
Prochaines étapes
La mise en œuvre de l’EDMA se fera par étapes. Les règlements devraient être mis en œuvre progressivement jusqu’à la mi-2024 et seront élaborés en collaboration avec les Premières Nations. La province élabore des directives et un soutien supplémentaires pour les entités qui seront responsables de la consultation et de la coopération avec les entités autochtones.
Pour discuter des possibilités et des répercussions potentielles de la nouvelle loi sur la gestion des urgences de la Colombie-Britannique, veuillez communiquer avec les auteurs ou un membre de notre groupe de pratique Aboriginal Law practice group.
Traduction alimentée par l’IA.
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