Modifications proposées à la Loi sur les pêches
Écrit par Deirdre A. Sheehan, Leonard J. Griffiths and David Bursey
Le 6 février 2018, le gouvernement fédéral a présenté des modifications à la Loi sur les pêches visant à améliorer la protection du poisson et de son habitat. Les modifications proposées font partie d’un examen à l’échelle du système des processus environnementaux et réglementaires du Canada, qui comprendra également des modifications à la Loi sur la protection de la navigation et l’introduction de la Loi sur l’évaluation des impacts et de la Loi sur la Régie canadienne de l’énergie . Ensemble, ces modifications législatives auront d’importantes répercussions pour l’industrie et les promoteurs de projets.
Cet article est la première partie d’une série qui traitera des modifications réglementaires proposées dans le cadre de l’examen des processus environnementaux et réglementaires du Canada.
Les modifications proposées
Les modifications proposées représentent un retour au modèle en vertu de la Loi sur les pêches d’avant 2013 , élargissant ainsi la portée de la réglementation du poisson et de son habitat. La Loi sur les pêches actuelle porte principalement sur les poissons qui font partie d’une pêche commerciale, récréative ou autochtone. Conformément au document discussion publié par le gouvernement fédéral en juin 2017, les modifications proposées étendent la protection à tous les poissons et à tous les habitats du poisson.
Bien que les modifications proposées soient exhaustives, nous avons souligné certaines des plus importantes ci-dessous liées à la réglementation du poisson et de son habitat.
Prise de décision
Les modifications proposées exigent que le ministre tienne compte des effets négatifs qu’une décision prise en vertu de la Loi sur les pêches peut avoir sur les droits des peuples autochtones. Ils permettent également au ministre de tenir compte d’autres facteurs, notamment : la durabilité des pêches; l’information scientifique; la connaissance de la collectivité; les facteurs sociaux, économiques et culturels; les connaissances traditionnelles autochtones (si elles sont fournies); et la coopération établie en vertu d’accords sur les revendications territoriales.
Protection du poisson et de son habitat
La mise à jour de renom des modifications proposées est la restauration des dispositions protégeant tous les poissons et leurs habitats. En particulier, les modifications proposées :
- rétablir l’interdiction antérieure de « détérioration, de destruction ou de perturbation de l’habitat du poisson » (DDP), sous réserve de certaines exceptions;
- inclure une interdiction d’exercer un ouvrage, une entreprise ou une activité, autre que la pêche, qui entraîne la mort du poisson, sous réserve d’une liste d’exceptions et de quotas prévue au par. 34.4(2);
- imposer deux nouvelles exigences en matière de notification, exigeant que certaines personnes déclarent (1) une mort non autorisée du poisson ou (2) une DDP non autorisée; et
- exiger que le ministre, lorsqu’il fait certaines recommandations ou exerce certains pouvoirs, tienne compte des effets cumulatifs sur le poisson et son habitat de l’exercice de certaines ouvrages, entreprises ou activités en combinaison avec d’autres ouvrages, entreprises ou activités qui ont été ou sont en cours d’exécution.
Les modifications proposées comprennent des dispositions sur les droits acquis pour les autorisations existantes en vertu de l’alinéa 35(2)b). De plus, les modifications proposées n’ont pas modifié les amendes minimales et maximales pour une infraction au par. 35(1) de la Loi sur les pêches.
Mise à jour du Cadre de délivrance de permis
Les modifications proposées mettent à jour la gestion des projets en permettant au ministre de prendre des règlements concernant les permis pour les « projets désignés ». Il est interdit aux personnes d’effectuer des travaux, des entreprises ou des activités qui font partie de « projets désignés », sauf en conformité avec un permis. Ces nouvelles exigences s’ajoutent aux exigences relatives à l’obtention d’autorisations pour entreprendre des activités qui causent la DDP.
Les modifications proposées permettent également au ministre d’établir des codes de pratique, qui peuvent fournir une orientation officielle pour les petits projets courants.
Introduction des crédits d’habitat
Les modifications proposées introduisent des « crédits d’habitat », qui peuvent être acquis par un promoteur qui mène un projet de conservation dans un habitat du poisson. Ces crédits visent à quantifier les avantages d’un projet de conservation qui vise à créer, à restaurer ou à améliorer un habitat du poisson.
L’objectif est de permettre aux promoteurs de projets d’utiliser les crédits d’habitat pour compenser les effets négatifs qu’un projet peut avoir sur le poisson ou son habitat. Lorsqu’ils concluent une entente sur les crédits d’habitat, le ministre et le promoteur doivent convenir, entre autres, de l’unité de mesure qui quantifierait les avantages d’un projet de conservation et des détails essentiels concernant l’administration, la gestion et l’exploitation de l’entente. Une fois le montant des crédits d’habitat réglé, le ministre délivrerait un certificat concernant la validité des crédits acquis.
Le ministre peut établir un système de création, d’attribution et de gestion des crédits d’habitat. Tel qu’il est actuellement proposé, plusieurs éléments du système de crédits d’habitat ne sont toujours pas clairs (y compris si les crédits d’habitat seront échangeables), mais sont susceptibles d’être clarifiés dans le règlement.
Ententes sur les mesures de rechange
Les modifications proposées introduisent également des accords sur les mesures de rechange (AMAs). Les AMAs sont des mesures, autres que des procédures judiciaires, qui peuvent être utilisées pour traiter une personne présumée avoir commis une infraction à la Loi sur les pêches. Un contrevenant présumé qui a été accusé d’une infraction à la Loi peut demander à participer à l’utilisation d’une AMA, si cela n’est pas incompatible avec l’objet de la Loi et, sous réserve du respect de diverses conditions, telles que le fait que le procureur général soit convaincu que les mesures sont appropriées, compte tenu des antécédents de conformité et d’acceptation de la responsabilité du contrevenant présumé.
Le ministre se voit accorder un vaste pouvoir de réglementation sur les modalités qui peuvent être incluses dans les AMAs et leurs effets sur le contrevenant présumé. À titre de comparaison, ces dispositions peuvent être mises en œuvre de la même façon que les mesures de rechange en matière de protection de l’environnement en vigueur en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.
Intégration autochtone
Les modifications proposées visent à renforcer le rôle des peuples autochtones dans l’examen des projets, la prise de décisions et l’élaboration des politiques. Les modifications proposées exigent que le ministre tienne compte de « tout effet négatif » qu’une décision prise en vertu de la Loi sur les pêches pourrait avoir sur les droits des peuples autochtones ainsi que sur les connaissances traditionnelles autochtones fournies lorsqu’il prend des décisions sur l’habitat.
Les modifications proposées permettent au ministre de déclarer que certaines dispositions de la Loi ou des règlements ne s’appliquent pas dans une province ou un territoire d’un organisme de réglementation autochtone dans lequel une entente a été conclue, lorsque cette province ou cet organe directeur autochtone a une disposition en vigueur équivalente.
Détails laissés au Règlement
Comme il a été mentionné ci-dessus, une grande partie des détails pratiques est laissée aux règlements qui n’ont pas encore été rédigés.
Le ministre peut édicter des règlements établissant des catégories de projets à désigner comme entraînant la mort de poissons ou la DDP.
Le ministre peut également établir des normes et des codes de pratique pour éviter la mort des poissons et la DDP, qui peuvent préciser les procédures et les pratiques au cours de toute phase d’un projet, de la construction à l’abandon. Le gouverneur en conseil a également le pouvoir étendu de prendre des règlements.
Calendrier et prochaines étapes
Les modifications proposées sont toujours sujettes à changement au fur et à mesure qu’elles passent par le processus parlementaire. Le public peut exprimer son point de vue sur les modifications proposées en déposant des observations écrites ou en communiquant avec son député.
Les modifications proposées s’inscritnt dans le cadre d’une refonte environnementale et réglementaire plus vaste. D’autres modifications à d’autres lois environnementales fonctionneront de concert avec ces changements.
Répercussions
Les modifications proposées représentent un retour à l’approche d’avant 2013 en matière de réglementation des pêches, avec des éléments supplémentaires. Il en résulte un fardeau réglementaire et une complexité accrus.
Les plans d’aménagement proposés et les activités existantes devront être examinés pour assurer la conformité aux interdictions plus larges sur les effets nocifs sur le poisson et son habitat.
Bien que la portée de la protection en vertu de la Loi sur les pêches sera élargie, l’approche de mise en œuvre sera laissée au règlement. Le contenu de ces règlements aura une incidence considérable sur la façon dont le développement se déroule. Ceux qui souhaitent façonner ce contenu devraient envisager des moyens de contribuer à la rédaction du règlement.
Une fois que les modifications entreront en vigueur, les autres lois faisant référence à la Loi sur les pêches seront modifiées pour tenir compte des nouvelles dispositions introduites par les modifications proposées.
Si vous avez des questions concernant les répercussions des modifications apportées à la Loi sur les pêches, veuillez vous adresser à un membre de l’équipe de la réglementation ou du droit de l’environnement ici à Bennett Jones.
En savoir plus sur cette série
Parte II : Remodeler le régime d’évaluation des projets du Canada — Plan directeur ambitieux du projet de loi 69
Parte III : Changement en mer : Loi sur les eaux navigables canadiennes
Traduction alimentée par l’IA.
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