Le 12 mai 2017, le gouvernement du Canada a présenté au Parlement le projet de loi C-48, le projet de Loi sur le moratoire concernant les pétroliers. Cette initiative fait suite au lancement du Plan national de protection des océans en novembre 2016 et donne suite à l’engagement du premier ministre d’officialiser un moratoire sur les pétroliers de pétrole brut sur la côte nord de la Colombie-Britannique. Le plan plus large vise à « améliorer la sécurité maritime et le transport maritime responsable; protéger le milieu marin du Canada; et créer de nouveaux partenariats avec les collectivités autochtones et côtières ».
Les pétroliers longent la côte de la Colombie-Britannique depuis les années 1930, principalement dans les ports de Vancouver, de Prince Rupert et de Kitimat. Au cours des dernières années, le trafic des pétroliers a représenté moins d’un pour cent du trafic total, selon les dossiers de Transports Canada.
Lorsque le gouvernement fédéral parle d'« officialiser » un moratoire sur les pétroliers, il est important de noter qu’il n’y a pas de moratoire aujourd’hui — informel ou autre — sur le trafic des pétroliers à partir des ports de la Colombie-Britannique.
Le moratoire proposé est conçu pour compléter la zone d’exclusion volontaire des navires-citernes existante, qui est en place depuis 1985. 1
Les principales caractéristiques du projet de loi sont les suivantes :
En 1972, le gouvernement fédéral a imposé un moratoire sur l’exploration pétrolière et gazière au large des côtes de la Colombie-Britannique, par le biais de politiques et de décrets. Ce moratoire de facto a été réalisé en décidant de cesser de délivrer d’autres permis d’exploration pour les zones extracôtières de la Colombie-Britannique et en suspendant les obligations de travail sur les permis existants.
En 1972, le gouvernement fédéral a également annoncé un moratoire sur la circulation des pétroliers de pétrole brut dans l’entrée Dixon, le détroit d’Hécate et le détroit de la Reine-Charlotte, mais il n’a jamais mis en œuvre le moratoire par voie législative. Depuis, le statut du moratoire a été une source de débat et de confusion. En pratique, le gouvernement fédéral a continué d’autoriser l’exportation, l’importation ou l’expédition de pétrole à partir des ports de la Colombie-Britannique.
En 1985, le gouvernement fédéral a négocié la zone d’exclusion volontaire des pétroliers (ZET) avec la Garde côtière des États-Unis. La ZET s’étend de la côte continentale de la Colombie-Britannique jusqu’à l’ouest des îles de la Reine-Charlotte et de l’île de Vancouver. Les pétroliers chargés voyageant de l’Alaska à Washington doivent voyager à l’ouest de la zone.
La ZET ne s’applique pas aux pétroliers voyageant à destination ou en provenance des ports canadiens.
Le premier ministre Trudeau a déclaré récemment: « Aucun pays ne trouverait 173 milliards de barils de pétrole dans le sol et ne les laisserait là ». 2 Bien que cette déclaration démontre l’engagement du gouvernement fédéral à mettre en valeur les ressources pétrolières du Canada, le projet de loi crée un obstacle logistique important pour ce développement.
Le projet de loi définit un choix politique clair quant à l’endroit où le pétrole brut peut être exporté sur la côte de la Colombie-Britannique, c’est-à-dire l’exportation uniquement à partir de la côte sud. Ce choix a de profondes répercussions sur les économies de la Colombie-Britannique et du Canada, qui dépendent toutes deux fortement du commerce d’exportation.
Au fur et à mesure que ce projet de loi sera adopté par le Parlement, nous en entendrons sans aucun doute davantage parler du débat de longue date sur le moratoire.
1 Transports Canada, communiqué de presse, 12 mai 2017.
2 Reportage de cbc 10 mars 2017, http://www.cbc.ca/news/world/trudeau-no-country-would-find-173-billion-barrels-of-oil-in-the-ground-and-leave-them-there-1.4019321