Deux approches différentes des requêtes en recours collectif

04 juin 2020

Écrit par Ranjan Agarwal and Adam Zur

La Cour supérieure de l’Ontario a récemment rendu deux décisions distinctes sur une motion de transport (MacBrayne v LifeLabs Inc., 2020 ONSC 2674 et Del Giudice v Thompson, 2020 ONSC 2676), qui adoptent différentes approches pour décider entre les recours collectifs qui se chevauchent. Les deux décisions portent sur des recours collectifs découlant d’atteintes à la protection des données à grande échelle. Au Canada, lorsqu’il y a des recours collectifs qui se chevauchent dans une province ou un tribunal, le tribunal décidera quel demandeur et l’avocat du groupe devraient avoir la « responsabilité » de l’action en fonction d’un large éventail de critères.

En décembre 2019, LifeLabs a annoncé que des pirates informatiques avaient violé leurs systèmes de données, compromettant les informations personnelles d’environ 15 millions de patients. Au moins 13 recours collectifs proposés ont été immédiatement intentés : quatre en Ontario et neuf en Colombie-Britannique. En Ontario, les avocats du groupe se sont organisés en trois consortiums.

En se décidant sur la requête en transport, le juge Belobaba a souligné que les tribunaux doivent rechercher les facteurs qui sont déterminants pour déchiffrer quelle proposition de transport est dans le meilleur intérêt du groupe. En l’espèce, il se résumait à deux facteurs : l’approche globale et l’arrangement proposé en matière de frais. Pour ce qui est de l’approche globale, le juge Belobaba préférait le dépôt d’un seul recours collectif national, qu’il jugeait plus raisonnable que le dépôt de deux recours collectifs parallèles (l’un en Ontario pour les provinces de l’Est et l’autre en Colombie-Britannique pour les provinces de l’Ouest). Cela dit, la motion a été essentiellement décidée en fonction de l’entente de frais proposée par chaque consortium. Le juge Belobaba a accordé le transport à l’avocat du groupe proposé qui avait l’arrangement d’honoraires le plus rentable (c.-à-d. le moins coûteux) pour les membres du groupe.

La décision donne à penser que, dans certains cas, les motions de transport peuvent être décidées en accordant le transport au plus bas soumissionnaire. Le juge Belobaba a fait remarquer que l’expérience et les ressources des cabinets d’avocats concurrents étaient un facteur pertinent, mais non déterminant, car chaque cabinet d’avocats était expérimenté et compétent. Dans ce cas, les tribunaux peuvent s’appuyer sur une enchère inversée pour décider des motions de transport: qui peut fournir leurs services au coût le plus bas aux membres du groupe?

En juillet 2019, Capital One a révélé que ses systèmes de technologie de l’information avaient été piratés. Les renseignements personnels et confidentiels d’environ six millions de clients canadiens ont été compromis.

Le juge Perell a décidé le transport entre deux consortiums différents en se fondant sur la théorie de l’affaire. Le juge Perell a accordé la distribution à l’avocat du groupe proposé qui avait désigné comme défendeurs Amazon (qui possédait les serveurs qui stockaient les données de Capital One) et GitHub (un exploitant de site Web qui a publié certains des renseignements personnels qui avaient été piratés). Le juge Perell a reconnu que, bien qu’il soit trop tôt pour dire si Amazon et GitHub devraient être parties au litige, on peut soutenir qu’il s’agit de malfaiteurs qui devraient être tenus de rendre des comptes.

Bien qu’il se soit vu attribuer le transport, le juge Perell a réprimandé les avocats du groupe qui ont obtenu gain de cause pour avoir remis leurs documents de motion avec 18 jours de retard, en violation de son instruction. Le juge Perell a déclaré qu’il envisagerait d’adjuger des dépens contre les avocats du groupe personnellement pour leur défaut de se conformer : [traduction] « Comme il a été mentionné ci-dessus, bien que l’action Del Giudice ait été accordée, j’examinerai, sur demande, les dépens en tout ou en partie contre l’avocat personnellement dans l’action Del Giudice (ne pas être facturé ou transmis aux membres du groupe) pour le défaut de se conformer à mes directives de gestion de l’instance. »

Le juge Perell a également critiqué les documents des parties, notant, en partie, qu’elles étaient « vaniteuses, pompeusement prédatrices, manquant d’objectivité et grossièrement exagérées ».

Le juge Perell, qui est l’un des quatre juges désignés des recours collectifs à Toronto, a recommandé que « les avocats du groupe putatifs aient retenu les services d’avocats externes véritablement indépendants pour : a) préparer professionnellement les documents de la requête; et b) plaider professionnellement la requête.



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