Écrit par David Bursey, Lawrence E. Smith Q.C., Deirdre A. Sheehan, Sharon G.K. Singh and Charlotte Teal
Le 22 mars 2018, la bande indienne Lax Kw’alaams et les neuf tribus des Lax Kw’alaams (Lax Kw’alaams) ont déposé une contestation judiciaire contre le Canada et la Colombie-Britannique en raison de l’action du Canada visant à imposer un moratoire sur les pétroliers (moratoire sur les pétroliers) le long de la côte nord de la Colombie-Britannique. Les Lax Kw’alaams cherchent à obtenir une déclaration de la cour selon laquelle le projet de loi C-48, Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers (projet de loi C-48), et toute loi subséquente, n’a aucun effet sur le territoire des Lax Kw’alaams.
Projet de loi C-48 – Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers
Le gouvernement du Canada a déposé le projet de loi C-48 au Parlement le 12 mai 2017. Le projet de loi a franchi l’édition de la deuxième lecture le 4 octobre 2017 et a ensuite été renvoyé au Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités. Le Comité a présenté son rapport à la Chambre à la fin de novembre 2017.
Le projet de loi C-48 a fait suite au lancement par le gouvernement fédéral du Plan national de protection des océans en novembre 2016 et à l’engagement antérieur du premier ministre d’officialiser un moratoire sur les pétroliers de pétrole brut sur la côte nord de la Colombie-Britannique. Le Plan de protection des océans vise à « améliorer la sécurité maritime et la navigation responsable; protéger le milieu marin du Canada; et créer de nouveaux partenariats avec les collectivités autochtones et côtières ». 1
Si elle est adoptée, la Loi interdirait aux pétroliers transportant plus de 12 500 tonnes métriques de pétrole brut ou de pétrole persistant de s’arrêter ou de décharger dans les ports ou les installations maritimes, et interdirait tout chargement de plus de 12 500 tonnes métriques de pétrole brut ou persistant sur des navires le long de la côte nord de la Colombie-Britannique. La carte ci-dessous montre les limites de la zone de moratoire sur les pétroliers.
La revendication des droits ancestraux et titres ancestraux des Lax Kw’alaams
La bande indienne Lax Kw’alaams a déposé cette revendication en tant que représentant des neuf tribus de la Première Nation Tsimshian côtière qui revendiquent collectivement un titre ancestral sur une région comprenant le golfe Nasoga, Grassy Point, Lax Kw’alaams et la péninsule Tsimshian au nord de 54°24'52,811 » de latitude nord. Ce territoire se trouve à l’intérieur des limites proposées du Moratoire sur les pétroliers.
Les Lax Kw’alaams affirment que cette zone comprend un corridor en eau profonde qui conviendrait au développement d’un terminal maritime pour l’exportation de pétrole.
Les Lax Kw’alaam affirment également que leur titre aborigène comprend « le droit de choisir les utilisations que les terres peuvent être faites, y compris l’utilisation comme installation maritime soumise uniquement à une évaluation environnementale justifiable et à une législation d’approbation ».
L’allégation de violation des droits ancestraux et du titre
Les Lax Kw’alaams affirment que le moratoire fédéral sur les pétroliers est discriminatoire à leur égard en interdisant leurs plans de développement d’installations d’exportation de pétrole à Grassy Point (près de Prince Rupert) - un endroit qui, selon les Lax Kw’alaams, a « l’un des meilleurs ports en eau profonde et des voies navigables les plus sûres au Canada » - tout en permettant un tel développement ailleurs en Colombie-Britannique et au Canada.
Ils allèguent en outre que le Canada a imposé le Moratoire sur les pétroliers :
- s’appuyant sur la politique et la législation de la forêt pluviale great bear de la Colombie-Britannique comme justification, politique et législation auxquelles les Lax Kw’alaams se sont opposés et ne peuvent pas être utilisées pour justifier le moratoire sur les pétroliers;
- savoir qu’un plan avait été élaboré – avec l’appui de toutes les Premières Nations le long de la route – pour un corridor énergétique de Bruderheim, en Alberta, à Grassy Point, en Colombie-Britannique; et
- sachant que cela irait délibérément à l’échec des plans des Lax Kw’alaams « de créer un soutien économique pour leur communauté basé sur le développement d’une installation d’exportation de pétrole ».
Les Lax Kw’alaam affirment que le Canada a imposé le Moratoire sur les pétroliers par le biais d’une décision du Cabinet, d’une politique, de nouvelles libérations et de la présentation du projet de loi C-48 au Parlement. Ils affirment en outre que le Canada n’a pas consulté les Lax Kw’alaams ni pris en compte leurs intérêts et que, par conséquent, les actions du Canada portent atteinte de façon injustifiée aux droits ancestraux et au titre des Lax Kw’alaams.
Contexte du Moratoire sur les pétroliers
Des pétroliers voyagent le long de la côte de la Colombie-Britannique depuis les années 1930. Transports Canada rapporte qu’en 2015, il y a eu environ 197 513 départs et arrivées de navires dans les ports de la Colombie-Britannique, les pétroliers représentant environ 1487, soit environ 0,75 %. 2
À l’heure actuelle, le pétrole est principalement expédié par les ports de Vancouver, de Prince Rupert et de Kitimat, et la plupart des expéditions sont effectuées à partir des collectivités le long de la côte. Les barges, les porte-conteneurs, les traversiers et d’autres types de navires commerciaux et privés transportent tous du pétrole. 3
Depuis 1972, le gouvernement fédéral impose depuis 1972 un moratoire de facto sur l’exploration pétrolière et gazière au large des côtes de la Colombie-Britannique.
En 1972, le gouvernement fédéral a également annoncé un moratoire sur la circulation des pétroliers de pétrole brut dans l’entrée Dixon, le détroit d’Hécate et le détroit de la Reine-Charlotte, mais il n’a jamais mis en œuvre le moratoire par voie législative. Le statut juridique du moratoire a été une source de débat et de confusion depuis. En droit et en pratique, le gouvernement fédéral permet actuellement l’exportation et l’importation de pétrole brut en provenance et à partir des ports de la Colombie-Britannique, ainsi que les expéditions intra-côtières le long de la côte de la Colombie-Britannique.
En 1985, le gouvernement fédéral a négocié la zone d’exclusion volontaire des pétroliers (ZET) avec la Garde côtière des États-Unis. La ZET s’étend des côtes extérieures de la Colombie-Britannique vers l’ouest et a été conçue en fonction de la pire dérive possible d’un pétrolier désemparé avec une cargaison par rapport au temps nécessaire pour que l’aide arrive. Les pétroliers chargés voyageant de l’Alaska à Washington doivent voyager à l’ouest de la zone. 4 La carte ci-jointe montre les limites de la ZET.
À la suite de discussions en 1988 auxquelles ont participé les Gardes côtières des États-Unis et du Canada et des représentants du groupe d’utilisateurs de l’industrie des pétroliers des États-Unis, tous ont convenu d’adopter volontairement la ZEE.
La ZET ne s’applique pas aux pétroliers voyageant à destination ou en provenance des ports canadiens. Le Moratoire sur les pétroliers ajouterait à la ZEE et interdirait l’importation ou l’exportation de navires expédiant plus de 12 500 tonnes métriques de pétrole brut ou persistant à l’arrivée ou en provenance de la zone du Moratoire sur les pétroliers le long de la côte nord de la Colombie-Britannique.
Réflexions finales
Comme le démontre cette contestation judiciaire par les Lax Kw’alaams, le Moratoire sur les pétroliers est controversé et mobilise de nombreux points de vue communautaires divers. Il illustre également la complexité de la conciliation des intérêts locaux, provinciaux, nationaux et autochtones sur cette question.
Le premier ministre Trudeau a déclaré précédemment: « Aucun pays ne trouverait 173 milliards de barils de pétrole dans le sol et ne les laisserait là ». 5 Bien que cette déclaration démontre l’engagement du gouvernement fédéral à mettre en valeur les ressources pétrolières du Canada, le Moratoire sur les pétroliers crée un obstacle logistique important à ce développement en limitant l’accès au marché.
Le projet de loi C-48 définit un choix politique clair quant à l’endroit où le pétrole brut peut être exporté sur la côte de la Colombie-Britannique, c’est-à-dire l’exportation uniquement à partir de la côte sud. Ce choix a de profondes répercussions sur les économies de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Canada, qui dépendent toutes fortement du commerce d’exportation. Restreindre les options d’exportation ajoutera des coûts et des complications à la mise en valeur des ressources pétrolières du Canada.
Deux examens fédéraux récents des propositions d’exportation de pétrole ont conclu que les risques associés à l’exportation de pétrole de la côte ouest du Canada sont faibles et peuvent être gérés à des niveaux acceptables avec des mesures d’atténuation appropriées. L’examen du projet Northern Gateway, en particulier, comprenait une évaluation des expéditions de pétrole le long d’une route dans la zone proposée de moratoire sur les pétroliers.
Malgré les profondes répercussions du Moratoire sur les pétroliers, l’analyse par le gouvernement fédéral de la science et de l’économie à l’appui de son choix stratégique n’a pas encore été bien expliquée ou débattue. Néanmoins, le projet de loi C-48 en est aux dernières étapes de son adoption.
La zone de moratoire proposée sur les pétroliers
1 Communiqué de presse de Transports Canada, « Le gouvernement du Canada dépose la Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers » (12 mai 2017).
2 Transports Canada, « Obtenez les faits sur la sécurité des pétroliers au Canada » (26 mars 2018), en ligne : <http://www.tc.gc.ca/eng/marinesafety/facts-oil-tanker-safety-canada-4513.html#west-coast>>
3 Ibid
4 Garde côtière canadienne, « Information sur la zone d’exclusion volontaire des pétroliers »
5 « Trudeau : aucun pays ne trouverait 173 milliards de barils de pétrole dans le sol et ne les laisserait là » CBC News (10 mars 2017), en ligne : < http://www.cbc.ca/news/world/trudeau-no-country-would-find-173-billion-barrels-of-oil-in-the-ground-and-leave-them-there-1.4019321>
Traduction alimentée par l’IA.
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