Le 25 juin 2018, la Cour de district des États-Unis pour le district nord de la Californie a rejeté une réclamation contre plusieurs producteurs de pétrole et de gaz pour des impacts liés au changement climatique dans The City of Oakland v. BP, Chevron and Others, No. 17-CV-0611 (N.D. Cal. 25 juin 2018) [Oakland]. Les demandeurs, les villes d’Oakland et de San Francisco, ont demandé des milliards de dollars contre les défendeurs Chevron Corporation, Exxon Mobil Corporation, BP p.l.c., Royal Dutch Shell plc et ConocoPhillips au motif que les défendeurs ont été d’importants contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, qui provoquent l’élévation du niveau de la mer entraînant des inondations côtières dans ces villes. Les demandeurs font l’objet d’une action fédérale en nuisance publique en vue d’obtenir un fonds de réduction pour lutter contre les inondations.
Cette action est l’une des nombreuses réclamations de ce type aux États-Unis et ne sera pas la fin d’un litige entre les producteurs d’énergie américains et les villes ou municipalités confrontées aux effets du changement climatique.
La Cour a accueilli la requête des défendeurs visant à rejeter la demande au motif que les questions relatives aux changements climatiques devraient être réglementées par le législateur plutôt que par le pouvoir judiciaire. La Cour a déclaré que sa décision « accepte la science derrière le réchauffement climatique » mais que « [l]e problème mérite une solution à une échelle plus vaste que celle qui peut être fournie par un juge de district ou un jury dans une affaire de nuisance publique ». La Cour a également noté que le pouvoir judiciaire doit faire preuve d’une grande prudence dans son jugement sur la demande, car la réparation demandée aurait une incidence sur la conduite des producteurs d’énergie et des politiques énergétiques dans le monde entier, y compris en portant considérablement atteinte à la faisabilité de la production de combustibles fossiles.
L’un des obstacles auxquels les demandeurs ont été confrontés a été la décision de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Am. Elec. Power Co. v. Connecticut, 564 U.S. 410 (2011) [AEP]. L’AEP a statué que le pouvoir de la Loi sur la qualité de l’air et de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) a déplacé la common law fédérale dans le domaine de la nuisance publique pour enjoindresser l’émission de gaz à effet de serre d’un défendeur. Étant donné que la Clean Air Act et l’EPA ne régissent que les émissions nationales, les demandeurs ont soutenu que la conduite des défendeurs s’est produite à l’extérieur des États-Unis et que les effets des gaz à effet de serre se produisent aux États-Unis. En conséquence, la Cour a rejeté la demande parce qu’elle était « exclue par la nécessité pour les tribunaux fédéraux de s’en remettre aux pouvoirs législatif et exécutif lorsqu’il s’agit de tels problèmes internationaux ».
Cette décision est une première victoire pour les producteurs de pétrole et de gaz dans les litiges liés aux changements climatiques. Cependant, les demandeurs envisagent de faire appel de la décision et il y a un certain nombre de poursuites similaires en suspens par des États, des villes et des municipalités à travers les États-Unis. On peut s’attendre à ce que les tribunaux des États-Unis, comme la Cour d’appel du neuvième circuit, continuent d’être appelés à se pencher sur des questions complexes liées aux changements climatiques et que les producteurs de pétrole et de gaz soient tenus de défendre des poursuites relatives à leur responsabilité présumée pour les impacts liés aux changements climatiques.