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Vient d’être publié : Leçons pour les employeurs de King c. R., 2025 NBCA 12

28 janvier 2025

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Écrit par Jennifer Miller et Jenna Vivian

Le 23 janvier 2025, la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a rendu sa décision dans l’affaire King c R. Ce cas tragique met en lumière des leçons essentielles pour les employeurs, soulignant l’importance de la responsabilisation des dirigeants, du respect des protocoles de sécurité et d’une approche proactive de la gestion des activités à haut risque. Cette décision découle de la noyade de Michael Henderson, 18 ans, dans un espace clos sur un chantier de construction à Fredericton, ce qui a mené à la condamnation de Jason King, son superviseur, pour négligence criminelle causant la mort.

La décision d’appel a confirmé la déclaration de culpabilité de King tout en accordant l’autorisation d’interjeter appel de sa peine. Toutefois, la Cour a confirmé la peine d’emprisonnement de trois ans imposée par le juge de première instance, soulignant la gravité de la négligence de King. Cette décision renforce la volonté croissante des tribunaux de tenir les superviseurs et les employeurs responsables des décès en milieu de travail en vertu du droit pénal.

Faits saillants et rôle du superviseur

Au centre de cette affaire se trouvait l’échec de Jason King, un compagnon charpentier expérimenté mais superviseur non formé, à mettre en œuvre les mesures de sécurité nécessaires. Henderson s’est noyé lors d’un test d’étanchéité dans un espace confiné de 8 pieds de profondeur après qu’un bouchon pneumatique se soit rompu sous la pression de 32 000 litres d’eau. Même s’il savait que l’espace clos présentait des risques importants, King n’a pas pris les précautions de base, notamment :

La négligence de King ne s’est pas limitée à ces défaillances particulières, mais a reflété un mépris plus large pour les normes de sécurité, ce qui a directement contribué à l’issue fatale.

Responsabilisation et gestion des risques

La décision a mis l’accent sur les responsabilités accrues des superviseurs dans les environnements à risque élevé. La Cour a souligné que les superviseurs doivent satisfaire à une norme de « superviseur de site raisonnable », les obligeant à :

  1. Comprendre leurs tâches : Les superviseurs doivent être pleinement formés aux protocoles de sécurité, en particulier lorsqu’ils gèrent des espaces clos ou des tâches dangereuses.
  2. Reconnaître et atténuer les risques : On s’attend à ce que les superviseurs identifient de façon proactive les dangers potentiels et mettent en œuvre des contrôles appropriés.
  3. Assurer la sécurité des travailleurs : Les superviseurs doivent appliquer des mesures de sécurité et communiquer efficacement les risques à tous les membres de l’équipe.

L’application par la Cour de la « norme objective modifiée » souligne que la conduite d’un superviseur est évaluée par rapport à ce que ferait un professionnel raisonnable ayant des responsabilités similaires. Les actions de King étaient bien en deçà de cette norme, démontrant un écart « marqué et substantiel » qui mettait directement en danger la vie des travailleurs.

Le rôle de la formation et des protocoles

La Cour a analysé les défaillances systémiques qui ont contribué à l’incident, attirant l’attention sur l’interaction entre la culture organisationnelle, la formation et la responsabilité individuelle. Voici les principaux points à retenir :

Ce que les employeurs doivent savoir

L’arrêt King c R est un rappel brutal des graves conséquences de la négligence de la sécurité au travail. Les employeurs devraient considérer cette décision comme un avertissement clair sur les conséquences juridiques et financières potentielles de ne pas accorder la priorité à la sécurité au travail. Voici les principaux points à retenir :

  1. Investir dans la formation des superviseurs : Les superviseurs doivent comprendre leurs obligations légales et morales pour assurer la sécurité des travailleurs. Une formation complète sur l’identification des dangers, la gestion des risques et les règlements de sécurité est essentielle. King, bien qu’il ait de l’expérience en tant que compagnon charpentier, n’avait pas de formation officielle de supervision. Les employeurs doivent s’assurer que les superviseurs sont entièrement formés pour reconnaître les dangers, suivre les protocoles de sécurité et gérer les risques sur place.
  2. Élaborer et appliquer des plans de sécurité : Les tâches à risque élevé, comme l’entrée dans les espaces clos, nécessitent des plans de sécurité détaillés qui tiennent compte de tous les dangers potentiels. Ces plans doivent être régulièrement revus et strictement appliqués. Les employeurs doivent mettre en œuvre et appliquer des plans de sécurité détaillés pour les tâches à haut risque, en particulier les travaux dans les espaces clos, et fournir aux travailleurs la formation et les ressources nécessaires pour suivre ces plans.
  3. Prioriser la communication : Les travailleurs doivent être informés de tous les risques associés à leurs tâches, en particulier lorsque les conditions changent (p. ex. pendant un essai d’étanchéité).
  4. Adopter une culture de sécurité proactive : Les organisations doivent favoriser une culture où la sécurité est une priorité, en encourageant les travailleurs à signaler les dangers et les superviseurs à agir de manière décisive pour gérer les risques. On s’attend à ce que les employeurs identifient les risques, les abordent de manière proactive et documentent chaque mesure prise. Un manque de diligence raisonnable dans ce domaine peut avoir des conséquences fatales.
  5. Tout documenter : Une documentation complète des mesures de sécurité, de la formation et des interventions en cas d’incident peut démontrer la conformité aux règlements et soutenir la responsabilisation.
  6. La responsabilisation est essentielle : La décision souligne que les superviseurs sont personnellement responsables de la sécurité de leurs travailleurs. Les employeurs doivent définir clairement les rôles et les responsabilités et s’assurer que les superviseurs sont prêts à respecter ces obligations.

Caractère volontaire des énoncés de Travail sécuritaire : répercussions à l’échelle du Canada

L’une des principales questions soulevées en appel était le caractère volontaire de la déclaration de King aux enquêteurs de Travail sécuritaire NB. King a fait valoir qu’il n’était pas au courant de son danger juridique au cours de l’entrevue et qu’il ne comprenait pas pleinement les conséquences potentielles de sa déclaration. Toutefois, le tribunal de première instance a conclu — et la Cour d’appel l’a confirmé — que King avait volontairement fourni sa déclaration après avoir reçu une mise en garde adéquate.

Cette décision met en évidence la variabilité dans la façon dont les déclarations aux enquêteurs en sécurité au travail sont traitées dans l’ensemble du Canada. En Alberta, par exemple, les déclarations faites aux agents de santé et de sécurité au travail (SST) sont généralement obligées en vertu de la Occupational Health and Safety Act de l’Alberta (OHS Act) et de telles déclarations ne sont pas admissibles en preuve à quelque fin que ce soit dans un procès, une enquête publique en vertu de la Fatality Inquiries Act de l’Alberta ou toute autre procédure, sauf dans des circonstances définies par la loi en vertu du paragraphe 34(6) de la Loi sur la SST. Cette différence souligne l’importance pour les employeurs et les travailleurs de comprendre les nuances de compétence sur leurs lieux de travail et d’obtenir des conseils juridiques s’ils participent à une enquête sur la sécurité au travail.

Droits d’appel et prochaines étapes

La Cour d’appel a accordé à King l’autorisation d’interjeter appel de sa peine, mais a finalement confirmé la peine d’emprisonnement de trois ans, la trouvant proportionnelle à la gravité de sa négligence. Bien que cela ait marqué la fin des droits d’appel provinciaux de King, il pouvait demander l’autorisation d’interjeter appel devant la Cour suprême du Canada. Toutefois, de tels appels exigent la démonstration que l’affaire soulève une question d’importance publique ou nationale.

Pour les employeurs, cette décision indique que les tribunaux sont prêts à imposer des peines importantes pour les infractions à la sécurité qui entraînent le décès de travailleurs, ce qui renforce la nécessité d’une approche diligente et axée sur la sécurité dans tous les lieux de travail.

Conclusion

La mort tragique de Michael Henderson nous rappelle avec force le rôle essentiel que jouent les superviseurs dans la sécurité au travail. L’arrêt King c R souligne que négliger les protocoles de sécurité et la formation peut avoir des conséquences dévastatrices, non seulement pour les travailleurs, mais aussi pour ceux qui occupent des postes de direction et qui assument la responsabilité de leur bien-être. Pour les employeurs, ce cas renforce l’importance d’une gestion rigoureuse de la sécurité, d’une atténuation proactive des risques et d’un engagement à protéger les travailleurs contre les préjudices évitables.

Si votre organisation est préoccupée par ses pratiques de sécurité au travail ou par la conformité aux règlements en matière de santé et de sécurité au travail, envisagez de demander conseil à des conseillers juridiques expérimentés et à des professionnels de la SST. Comprendre vos obligations et prendre des mesures proactives pour faire face aux risques peut faire la différence entre un milieu de travail sécuritaire et une tragédie évitable.

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