Nouvelles propositions fiscales pour les fiducies de revenu

08 novembre 2006

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Écrit par Darcy D. Moch

Cela fait une semaine que le ministre fédéral des Finances a annoncé un nouveau régime d’imposition pour les fiducies de revenu et les sociétés en commandite cotées en bourse. L’objectif déclaré de l’annonce était d'« uniformiser les règles du jeu » en mettant fin à la répartition des fiducies de revenu en veillant à ce que les sociétés qui envisageaient des conversions abandonnent leurs régimes, tout en offrant une durée de conservation limitée pour les avantages fiscaux offerts aux fiducies de revenu et aux sociétés de personnes existantes.

Les changements reflètent un changement fondamental dans le régime fiscal canadien. L’annonce a eu un impact significatif sur les marchés publics (même au-delà du marché des fiducies publiques) et sur les transactions commerciales en général. Il est encore tôt, mais la capitalisation boursière de certaines fiducies et sociétés a chuté de 25 %. Les transactions annoncées précédemment sont au point mort ou ont été abandonnées. Les opérations d’achat et de vente, les placements d’actions et les financements par emprunt ont été résiliés ou sont en cours de réévaluation. Les défis et les opportunités sont en cours d’évaluation à mesure que le marché se transforme en cette nouvelle réalité potentielle.

Dans son annonce, le ministre des Finances a indiqué que les mesures visaient à « rétablir l’équilibre et l’équité dans le régime fiscal du Canada ». En tant que conseillers juridiques, nous ne faisons pas de commentaires sur la question de savoir si cela était nécessaire ou si cela sera réalisé. Nous sommes toutefois en mesure de dire avec certitude que les règles du jeu ont changé et que d’importantes questions juridiques doivent être abordées, dans certains cas avec une certaine urgence.

Nous avons reçu un certain nombre de questions et avons participé à de nombreuses conférences téléphoniques et réunions dans le but de répondre aux nombreuses préoccupations fiscales et juridiques sérieuses de nos clients. La présente Alerte fiscale fournit un résumé de ces questions et de nos réponses initiales. Bon nombre des réponses mènent à d’autres questions, qui ne peuvent être résolues qu’au fur et à mesure que les choses avancent. De plus, l’avant-projet de loi n’a pas été publié, ce qui rend difficile de répondre à certaines des préoccupations à l’heure actuelle.

Quelles sont les propositions?

Le gouvernement a l’intention d’imposer certaines fiducies de revenu et sociétés en commandite publiques de la même manière que les sociétés en interdisant les distributions de revenu déductibles antérieurement et en imposant un impôt sur les fiducies ou les sociétés en commandite au taux de 34 % en 2007, qui diminuera à 31,5 % en 2011, sur ces distributions de revenu, semblable à l’impôt qui serait par ailleurs payable si les fiducies ou les sociétés en commandite étaient des sociétés. Le montant net après impôt pouvant être distribué (sauf les remboursements de capital) sera traité comme des dividendes entre les mains des investisseurs bénéficiaires et les particuliers canadiens auront droit au crédit d’impôt pour dividendes.

À qui les propositions s’appliquent-elles?

Le nouveau régime est censé s’appliquer à certaines fiducies de revenu, fonds et sociétés en commandite publics appelés « transferts de placement déterminés » ou « EIPD » dans l’annonce du ministre des Finances. D’un point de vue pratique, la plupart des fonds de revenu, fiducies et sociétés en commandite cotés en bourse qui détiennent des « biens autres que des portefeuilles » seront pris. Il est important de noter que seules les entités publiques semblent être assujetties aux règles. Les fiducies et les sociétés de personnes non publiques d’exploitation et de placement (comme les sociétés de personnes à peu d’affaires et les sociétés de personnes à participation plus large qui ne sont pas négociées, comme celles utilisées dans l’industrie pétrolière et gazière pour exercer des activités de forage privé ou pour détenir des actions accréditives) ne semblent pas être visées par les règles.

Le concept d’un marché public pour les nouvelles règles est destiné à être plus large que les bourses de valeurs, et doit inclure, par exemple, un système de cotation organisé qui prend en charge la négociation de gré à gré. De plus, il est dit que les règles peuvent même être suffisamment larges pour inclure les titres d’autres entités, si ces titres tirent la totalité ou la presque totalité de leur valeur de titres émis par une fiducie ou une société de personnes. Une fois publiée, la loi doit être soigneusement examinée pour voir comment les règles s’appliqueront au cas par cas.

Y a-t-il des exceptions?

Les fiducies communément appelées fiducies de placement immobilier ou FPI sont exclues des nouvelles règles, mais seulement si elles remplissent une série de conditions liées à la nature de leur revenu et de leurs placements. Le problème, c’est que certains FPI peuvent ne pas être admissibles à l’exception puisqu’ils se sont étendus au-delà de la simple détention de biens immobiliers à louer. Dans certains cas, ils détiennent également des placements qui leur permettent d’exercer indirectement des activités commerciales avec les biens immobiliers qu’ils détiennent. La législation devra être soigneusement examinée pour déterminer si des entités particulières seront admissibles à titre de FPI exclues. Dans certains cas, il peut être nécessaire de réorganiser des FPI particulières ou de disposer d’activités non admissibles pour permettre aux FPI d’être exclues des propositions. Nous croyons comprendre que le ministère des Finances est prêt à accepter les mémoires sur ces questions.

La raison invoquée pour l’exclusion des FPI est de reconnaître « l’histoire et le rôle uniques des véhicules de placement immobilier collectif ». Un raisonnement similaire n’a pas été appliqué pour exclure d’autres secteurs, tels que les fonds de redevances et de ressources opérant dans le secteur pétrolier et gazier.

Y a-t-il des droits acquis?

Les fiducies qui étaient cotées en bourse le 31 octobre 2006 bénéficieront de droits acquis des nouvelles règles pendant quatre ans, soit jusqu’en 2011. Nous prévoyons que bon nombre des fiducies existantes seront néanmoins immédiatement touchées de plusieurs façons importantes et qu’elles devront peut-être prendre des mesures bien avant l’expiration de cette période de quatre ans.

Le critère des droits acquis établi par le ministre des Finances est un critère de la ligne dure. Les fiducies ne seront admissibles à la période de quatre ans que si elles étaient déjà cotées en bourse le 31 octobre 2006, ce qui a eu pour effet de mettre fin à toute conversion de fiducie en cours. Contrairement à de nombreux changements antérieurs apportés à la législation fiscale canadienne, il n’y a actuellement aucune exception pour les opérations qui étaient en bonne voie d’être conclues par le biais d’annonces publiques et de dépôts.

Les changements deviendront-ils une loi?

Il est concevable que le gouvernement minoritaire qui a présenté les propositions puisse être défait avant que la loi ne soit approuvée ou que les politiques puissent être assouplies ou modifiées. Le gouvernement actuel semble fermement résolu et a présenté une motion pour que les propositions sont approuvées le 7 novembre 2006, avant même que le projet de loi détaillé ne soit publié. Même s’il devait y avoir un changement de gouvernement, rien ne garantit qu’un nouveau gouvernement modifierait considérablement les propositions.

Quelle est l’incidence des propositions?

Les propositions réduiront le montant d’argent que la plupart des fonds de revenu publics, des fiducies et des sociétés en commandite pourront distribuer lorsque les règles commenceront à s’appliquer en 2011. La demande pour ces véhicules d’investissement est en grande partie stimulée par les niveaux élevés de distributions. Des réductions importantes de ces distributions auront probablement un impact profond sur les évaluations, ce qui pourrait éliminer complètement l’utilisation des véhicules. Voici quelques-unes des répercussions particulières :

À notre avis, que devrions-nous faire ou être forcés de faire?

À court terme, de nombreuses fiducies devraient simplement maintenir une position de statu quo jusqu’à ce que l’incertitude concernant l’introduction des propositions ait été résolue et que la législation soit à l’état d’ébauche (ou mieux encore, promulguée). Toutefois, le maintien du statu quo ne signifie peut-être pas que les fiducies existantes peuvent continuer de prendre de l’expansion et d’effectuer des opérations qu’elles auraient autrement été mises en œuvre.

À plus long terme, de nombreuses fiducies et sociétés de personnes peuvent préférer revenir à la forme corporative. La réduction de la valeur peut rendre certaines fiducies et sociétés de personnes attrayantes, en particulier pour les fonds de capital-investissement, les fonds de pension et les investisseurs étrangers. Il ne semble pas y avoir de moyen simple de dissoudre une fiducie et de distribuer ses actifs sous-jacents en libre d’impôt. On peut espérer et s’attendre à ce que le ministère des Finances envisage d’adopter des règles pour permettre que cela se fasse avec report d’impôt. Des règles spéciales et des différences surgiront également entre les fiducies et les sociétés de personnes, qui nécessiteront toutes un examen fiscal détaillé.

Voici quelques points clés et solutions de rechange pour les fiducies et les sociétés de personnes existantes :

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