Vendredi, la Cour suprême du Canada a rendu sa décision historique de fin de vie dans Carter c Canada (Procureur général). La Cour a statué à l’unanimité que l’interdiction d’aider ou d’encourager une personne à se suicider dans le Criminal Code is unconstitutional, nonobstant le fait qu’en 1993, il a rejeté une contestation constitutionnelle de la même disposition dans Rodriguez v British Columbia (Attorney General). La Cour a justifié sa décision d’infirmer expressément l’arrêt Rodriguez en se fondant sur le fait qu’au cours des 20 années qui se sont écoulées depuis, un certain nombre de démocraties occidentales ont permis une certaine forme d’aide médicale à mourir et qu’il y a eu des changements importants dans le cadre constitutionnel.
La principale question en litige dans l’appel était de savoir si l’interdiction de l’aide médicale à mourir prive les adultes compétents, qui souffrent d’un problème de santé grave et irrémédiable qui fait subir à la personne des souffrances physiques ou psychologiques intolérables pour cette personne, de leur droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne en vertu de l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés.
Bien que Carter fera sans aucun doute l’objet de nombreux commentaires juridiques, nous avons quelques observations préliminaires:
- La Cour a affirmé que le droit à la vie est en jeu lorsque la loi ou l’action de l’État impose la mort ou un risque accru de décès à une personne. Mais la Cour a également clairement indiqué que le droit à la vie crée un devoir de vivre et ne peut exiger une interdiction absolue de l’aide médicale à mourir.
- Il n’a pas été contesté que l’objectif de l’interdiction du suicide assisté est de protéger les personnes vulnérables contre la fin de leur vie en période de faiblesse. Bien que la Cour ait jugé qu’une interdiction totale n’est pas arbitraire, elle a conclu qu’elle était trop large parce que la loi balaie les personnes qui ne sont pas vulnérables.
- La Cour a donné très peu d’indications au Parlement sur ce que pourrait être une loi constitutionnelle sur l’aide au suicide. Mais la Cour était d’accord avec le juge de première instance pour dire qu’un régime permissif doté de mesures de protection bien conçues et administrées était capable de protéger les personnes vulnérables contre les mauvais traitements et les erreurs.
- En rédigeant une nouvelle loi, le Parlement doit tenir compte de la nécessité de concilier les droits des patients garantis par la Charte et les droits religieux ou de conscience des travailleurs de la santé.
La Cour a suspendu la déclaration d’invalidité pour 12 mois. À ce titre, le gouvernement fédéral devra soit présenter une nouvelle législation, laisser aux provinces le soin de réglementer (comme le Fait le Québec avec Une loi concernant les soins de fin de vie) ou invoquer la clause dérogatoire.
Robert Staley, Ranjan Agarwal et Jack Maslen ont été les avocats des intervenants Catholic Civil Rights League, Faith and Freedom Alliance et Protection of Conscience Project en Carter.