L’Union européenne exigera bientôt que les importateurs de l’UE de certains produits à forte intensité de carbone – en particulier le fer et l’acier, l’aluminium, les engrais, le ciment, l’électricité et l’hydrogène – déclarent les émissions de gaz à effet de serre (GES) intégrées dans leurs importations et paient des taxes à l’importation qui reflètent les prix nationaux du carbone de l’UE.
Le nouveau
Les exportations canadiennes de produits visés seront assujetties aux exigences de déclaration des GES et les importateurs de l’UE devront payer la taxe à l’importation cbam à moins que des mesures canadiennes du prix du carbone n’aient été appliquées, auquel cas tout montant correspondant payé peut être déduit de la taxe due. Si aucune déduction ne s’applique et que le prix des émissions intégrées ne peut pas être déterminé avec exactitude dans le cadre du CBAM, l’UE peut calculer la taxe à l’importation en fonction des « valeurs par défaut », ce qui pourrait à son tour rendre les exportations canadiennes non compétitives sur le marché de l’UE. Les entreprises canadiennes devront élaborer des systèmes pour s’assurer qu’elles peuvent fournir les renseignements requis pour la déclaration des GES à compter du 1er octobre 2023, ainsi que pour prouver les prix du carbone canadiens payés à compter du 1er janvier 2026. Bien que le CBAM soit limité aux six secteurs mentionnés ci-dessus, la portée du produit peut être élargie au fil du temps pour inclure d’autres produits à forte intensité de carbone. Les exportations canadiennes comme les pâtes, le papier, les produits chimiques organiques et les polymères pourraient être touchées. 1 La loi européenne sur le climat oblige l’UE à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 et à réduire les émissions de GES de 55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Le CBAM fait partie de l’ensemble de mesures conçues pour réaliser ces ambitions climatiques. Il complète le système d’échange de droits d’émission (ETS) de l’UE, un mécanisme de tarification du carbone de « plafonnement et d’échange » introduit en 2005. L’ETS impose un plafond annuel sur les émissions de carbone des industries à forte intensité énergétique telles que les raffineries de pétrole, les aciéries et les producteurs d’aluminium, de ciment et de verre. Les droits d’émission annuels sont distribués aux sources d’émissions de l’UE. Les émetteurs échangent des quotas liés au volume de leurs émissions au cours de l’année. Les émetteurs peuvent acheter et vendre des quotas en fonction de leurs besoins, ce qui conduit à la création d’un prix établi sur le marché pour le carbone. Les allocations sont actuellement distribuées par le biais d’un mélange d’enchères et d’allocation gratuite. Cependant, les allocations gratuites seront progressivement éliminées à partir de 2026. Le CBAM n’est pas un système de plafonnement et d’échange; il cherche plutôt à faire en sorte que le prix des importations ne soit pas avantageux sur le plan de la concurrence par rapport au prix des produits nationaux qui incluent le prix du carbone de l’UE en exigeant l’achat et la remise de certificats de carbone lors de l’importation de produits à forte intensité de carbone. Les importateurs de l’UE doivent déclarer la quantité d’émissions de GES intégrées dans les produits qu’ils importent et remettre le nombre de certificats de carbone achetés correspondant au prix du carbone des émissions de GES déclarées. Toutefois, si les importateurs peuvent prouver, en se fondant sur des renseignements vérifiés du producteur du pays d’exportation, qu’un prix du carbone a été payé pendant la production du produit importé, le montant correspondant sera déduit du prix du carbone « dû » par l’importateur. En d’autres termes, le CBAM prévoit une compensation du prix intérieur du carbone. Si un importateur n’est pas en mesure de fournir les renseignements requis du producteur (que le producteur ait ou non demandé une compensation du prix intérieur du carbone), il sera tenu de payer la taxe à l’importation calculée sur les valeurs par défaut, à son tour en fonction des « meilleures données secondaires disponibles ». Le CBAM comprend un régime de vérification robuste pour examiner les déclarations de GES intégrés par les importateurs. Il offre également aux opérateurs d’installations de production dans les pays non membres de l’UE la possibilité de s’inscrire auprès de la Commission européenne. Les exploitants enregistrés ont le droit d’effectuer eux-mêmes les calculs des émissions intégrées conformément à la méthodologie prescrite dans le CBAM pour le(s) produit(s) pertinent(s). Ils doivent également s’assurer que les renseignements sont vérifiés conformément aux procédures de vérification du CBAM. Les importateurs de l’UE sont autorisés à utiliser les rapports vérifiés des opérateurs dans leurs déclarations d’émissions intégrées. D’autres aspects du régime cbam sont encore en cours de mise en œuvre. Le draft regulation on reporting obligations publié le 13 juin, sur lequel l’UE sollicite les commentaires du public d’ici le 11 juillet, aborde plusieurs questions, y compris le contenu de la communication des opérateurs d’installations situées en dehors de l’UE aux importateurs déclarants, les règles sur l’évaluation des rapports CBAM et les détails sur les sanctions. Les exigences en matière de rapports entreront en vigueur le 1er octobre 2023, et la première période de déclaration se terminera le 31 janvier 2024. Il ne sera pas nécessaire de remettre les certificats de carbone correspondants avant le 1er janvier 2026, date à laquelle la période de mise en œuvre progressive du CBAM prendra fin. Le défaut de remettre les certificats CBAM, ou de se conformer autrement au CBAM, entraînera l’imposition de pénalités. Le prix des certificats CBAM sera calculé sur la base du prix d’enchère moyen hebdomadaire des quotas ETS de l’UE exprimés en euros / tonne métrique de dioxyde de carbone (CO2) émis. Les prix ont considérablement fluctué au fil des ans: au premier trimestre de 2023, le prix du carbone dans l’ETS de l’UE a dépassé 100 euros par tonne métrique de CO2. Les importateurs seront en mesure de compenser la taxe à l’importation CBAM payable à condition que les producteurs étrangers aient payé un prix du carbone « chez eux » équivalent au prix du carbone payable dans l’UE. Et c’est là que le bât blesse. Jusqu’à présent, les efforts internationaux n’ont pas réussi à parvenir à un prix convenu au niveau international sur le carbone ou à une méthodologie de tarification du carbone, de sorte que le défi consistera à comparer le prix du carbone payé par un producteur étranger à celui payable dans l’UE et à déterminer la comparabilité. Le manque de précision sur la comparabilité des prix du carbone ne manquera pas de donner lieu à des possibilités de protectionnisme et des différends commerciaux ne manqueront pas de surgir. Il reste à voir comment les comparaisons des prix du carbone seront appliquées aux exportations canadiennes. Bien que le Canada ait prescrit un prix minimum sur le carbone en vertu de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre (Canada) (la LTPCGES), les provinces sont autorisées à mettre en œuvre leurs propres régimes d’émissions de GES dans la mesure où la tarification du carbone sous-jacente est au moins aussi stricte que celle prescrite par la LTPCG. Il n’est pas clair si de telles comparaisons seront touchées ou non par un régime provincial qui utilise une taxe sur le carbone, par rapport à un système de tarification fondé sur le rendement (STFR) ou par un système de plafonnement et d’échange, mais ce sera une question importante à régler à l’avenir. Au cours de sa récente visite au Canada, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a convenu de travailler à l’établissement d’une Alliance verte entre l’UE et le Canada pour stimuler la coopération en matière d’énergie et de climat, et le Canada et l’UE se sont engagés à travailler ensemble pour explorer comment améliorer la collaboration dans la promotion de la fabrication à faible émission de carbone par le biais de forums bilatéraux et multilatéraux. L’UE soutient que la CBAM est compatible avec ses obligations en matière de commerce international parce qu’elle uniformise les règles du jeu entre les producteurs nationaux et étrangers et qu’elle ne fait donc pas de distinction entre les producteurs étrangers et les producteurs nationaux. Certaines administrations ont signalé leur désaccord avec ce point de vue et les défis du commerce international sont probables à mesure que le CBAM entre en vigueur. Les exportateurs canadiens de produits couverts par le CBAM devraient mettre en place des mécanismes pour : Bennett Jones experts en Le droit international du commerce et de l’investissement, Climate Change and Emissions Trading, Environmental Law and Environmental, Social, Governance (ESG) sont disponibles pour aider les entreprises à évaluer l’exposition au risque du CBAM ainsi qu’à élaborer des plans d’intervention appropriés, y compris la possibilité de se qualifier pour les compensations. De plus, notre
1 In 2021, le Canada s’est classé au quatrième rang des exportations mondiales de pâtes et papiers et au quatrième rang des exportateurs de polymères d’éthylène.Comment fonctionne le CBAM?
Combien cbam ajoutera-t-il au coût des importations?
Les compensations du prix intérieur du carbone s’appliqueront-elles aux exportations canadiennes?
La CBAM est-elle compatible avec les obligations commerciales internationales de l’UE?
Principaux points à retenir