Le 14 juillet, lors d’une cérémonie près d’Ottawa, le premier ministre Stephen Harper et le premier ministre ukrainien Arseniy Yatsenyuk ont annoncé la conclusion des négociations sur un accord de libre-échange Canada-Ukraine (ALECU).
Le texte de l’accord n’a pas encore été publié, mais des détails sur le site Web du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement suggèrent que les réalisations de l’accord sont principalement dans le domaine de l’élimination des droits de douane (avec des éliminations progressives allant jusqu’à sept ans) et peut-être des marchés publics. Les principaux bénéficiaires parmi les exportateurs canadiens, du moins à court terme, seront probablement dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire.
L’accord ne couvre pas les services ou le commerce des investissements et la plupart des disciplines sur la réglementation interne semblent faire double emploi avec celles qui s’appliquent déjà au Canada et à l’Ukraine en tant que Membres de l’OMC. De même, bien que l’accord traite de la propriété intellectuelle, il semble être léger sur les nouveaux engagements visant à protéger la technologie et la propriété intellectuelle canadiennes contre l’utilisation ou l’appropriation non autorisée en Ukraine. Cela n’affectera pas non plus la capacité des producteurs canadiens de déposer des plaintes antidumping et de subventionnement contre les importations en provenance de l’Ukraine.
Comme le commerce avec l’Ukraine représente actuellement environ 0,03 % du commerce bilatéral total de marchandises du Canada, l’ALECU n’était guère une priorité économique pour le Canada. Toutefois, il s’agissait d’une priorité politique, particulièrement en cette année d’élections fédérales. L’accord est conforme à la politique du gouvernement canadien visant à soutenir le développement économique axé sur l’Occident en Ukraine, alors qu’il continue de lutter contre la Russie et les forces séparatistes pro-russes dans le conflit armé qui a commencé dans la région de Crimée et dans l’est de l’Ukraine au début de 2014. L’annonce de l’ALECU survient deux semaines après que le Canada a annoncé d’importantes nouvelles sanctions économiques contre la Crimée, y compris une interdiction complète d’importation et d’exportation dans la région. (Voir plus de détails sur les nouvelles sanctions dans notre article Canada étend les sanctions contre la Russie et la région de Crimée de l’Ukraine.)
L’annonce du 14 juillet n’est que la première étape du processus d’entrée en vigueur de l’ALECU. L’accord devra faire l’objet d’un examen juridique avant de pouvoir être signé par les parties. Le gouvernement canadien a également pour politique de donner au Parlement 21 jours de séance pour examiner les traités après leur signature, mais avant qu’ils ne soient ratifiés. De plus, avant la ratification, le Parlement devra adopter une loi de mise en œuvre pour donner effet à certaines parties de l’accord. Avec des élections fédérales prévues en octobre, il faudra probablement plusieurs mois au moins avant l’entrée en vigueur de l’ALECU.