La Loi canadienne anti-pourriel (LCAP) est un système législatif complexe, onéreux et ambigu. Les ambiguïtés ont été relevées dans une contestation constitutionnelle que le CRTC a reconnue, mais qui a statué qu’elle n’allait pas au point de miner le régime législatif. L’examen quinquennal du Parlement a fait l’objet de nombreuses consultations qui ont mis en évidence de nombreux problèmes de conformité découlant des incertitudes que la loi crée. Le rapport du Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie a identifié un certain nombre d’éléments pour lesquels des éclaircissements réduiraient l’incertitude quant à l’interprétation de nombreuses dispositions de la loi, ainsi que pour éviter des coûts de conformité trop lourds. Le gouvernement a répondu favorablement au besoin de clarté en déclarant : « Le gouvernement a pris note des préoccupations du Comité selon lesquelles la Loi et ses règlements exigent des clarifications afin de réduire les coûts de conformité et de mieux cibler l’application de la loi, et qu’un certain nombre de témoins ont fait écho aux préoccupations soulevées au sujet des ambiguïtés perçues dans l’interprétation de certaines dispositions de la Loi. » Pourtant, l’horizon temporel de ces clarifications est encore loin.
Entre-temps, et en contestant les incertitudes reconnues dans le régime législatif, le CRTC poursuit ses activités d’application de la loi.
514-BILLETS, un revendeur de billets, a accepté de payer 100 000 $ dans le cadre d’un engagement avec le CRTC pour résoudre les réclamations selon lesquelles il a violé la LCAP. Les violations alléguées sont que 514-BILLETS a violé la LCAP en envoyant des messages texte sans le consentement du destinataire, sans renseignements identifiant la personne qui a envoyé les messages et sans renseignements permettant au destinataire de communiquer facilement avec l’expéditeur.
L’affaire est intéressante pour plusieurs raisons. Il s’agit d’une affaire d’application de la loi impliquant des messages textes et pas seulement des courriels comme la plupart des décisions antérieures. Cela renforce le fait que les messages textes peuvent également être des messages électroniques commerciaux (MEC) en vertu de la LCAP. La LCAP a des exigences normatives en matière de notification et les expéditeurs de MESSAGES TEXTES DOIVENT FAIRE PREUVE DE CRÉATIVITÉ pour satisfaire à ces exigences dans de courts messages texte.
Deuxièmement, le paiement prévu dans l’engagement est structuré de manière créative. Du paiement de 100 000 $, 25 000 $ sont versés au gouvernement du Canada, et les 75 000 $ restants doivent être versés sous forme de coupons de remboursement de 10 $ offerts à 7 500 clients.
Comme c’est souvent le cas dans de telles entreprises, 9118-9076 QUÉBEC INC. et 9310-6359 QUÉBEC INC., les compagnies exerçant leurs activités sous le nom de 514-BILLETS, conviennent de mettre en place un programme de conformité et de nommer un agent responsable de la conformité organisationnelle à la LCAP.
Alors que de nombreuses entreprises attendent la certitude accrue et la réduction des coûts de conformité qui peuvent venir avec la réforme de la loi, il faut rappeler à toutes les organisations que la LCAP est toujours en vigueur et en cours d’application. Les organisations doivent naviguer à travers les incertitudes actuelles et s’assurer qu’elles portent plainte auprès de la LCAP.