Dans l’affaire Shapray c. Colombie-Britannique (Securities Commission), la Cour d’appel de la Colombie-Britannique a conclu qu’une disposition générale de non-divulgation de la Securities Act de la Colombie-Britannique, qui s’applique à toute partie faisant l’objet d’une enquête par la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique, constitue une atteinte injustifiable à la liberté d’expression du demandeur en vertu de l’alinéa 2b) de la Charte canadienne des droits et libertés. D’une part, on peut dire que l’affaire Shapray représente un réoutillage progressif des valeurs constitutionnelles en faveur des droits individuels plutôt que des intérêts collectifs et commerciaux. D’un autre côté, on pourrait la qualifier de simple ordre administratif constitutionnel, dans lequel les lois antérieures à la Charte sont examinées en fonction d’une norme contemporaine. Selon l’une ou l’autre interprétation, Shapray limite fortement les pouvoirs des organismes de réglementation des valeurs mobilières d’imposer des ordonnances de bâillon en Colombie-Britannique, un résultat qui pourrait mener à des décisions semblables dans d’autres pays. Avec l’avantage de ces prémisses, nous examinons les décisions de la Cour suprême et de la Cour d’appel de la Colombie-Britannique. Plus précisément, nous discutons de deux questions : premièrement, ce que le raisonnement de la cour dans l’arrêt Shapray signifie pour d’autres juridictions, en mettant particulièrement l’accent sur la Loi sur les valeurs mobilières de l’Ontario; et deuxièmement, la constitutionnalité de dispositions comparables dans le projet de loi sur les valeurs mobilières du Canada. Publié dans la Revue canadienne de droit des affaires, volume 51, à la no 259.