La prochaine étape du cheminement de la Nation Tsilhqot’in vers l’autonomie gouvernementale a été franchie le 11 février 2016, lorsque la Nation Tsilhqot’in et la province de la Colombie-Britannique ont signé l’Accord Nenqay Deni : l’Accord populaire. L’Accord établit un cadre global pour les négociations visant à concilier les droits, les compétences, la gouvernance, les lois et les responsabilités des parties dans le territoire traditionnel affirmé de la Nation Tsilhqot’in (territoire Tsilhqot’in).
L’Accord fait suite à la lettre d’entente du 10 septembre 2014 entre les parties visant à parvenir à la réconciliation envisagée par la Cour suprême du Canada dans l’affaire Nation Tsilhqot’in c Colombie-Britannique,
L’Accord établit huit piliers de réconciliation que les parties s’efforceront d’atteindre :
Deux de ces piliers ont d’importantes répercussions sur le développement des ressources : la gouvernance des Tsilhqot’in; et le rôle de gestion des terres et des ressources dans le territoire de Tsilhqot’in.
Les parties se sont engagées à négocier une entente sur la gouvernance des Tsilhqot’in, qui reconnaît la Nation Tsilhqot’in comme un gouvernement au sein du Canada ayant compétence en matière de législation, y compris sur les terres et les ressources.
La province s’est également engagée à présenter un projet de loi qui reconnaît la Nation Tsilhqot’in comme un gouvernement au sein du Canada.
Les résultats des négociations du pilier concernant le rôle de gestion des terres et des ressources des Tsilhqot’in auront des répercussions importantes sur la gestion des terres dans la zone de titre déclarée et dans les zones plus vastes sur lesquelles la Nation Tsilhqot’in revendique un titre ancestral.
L’Accord s’engage à négocier la gestion par la Nation Tsilhqot’in de trois catégories de terres :
Les parties choisiront et établiront les terres de catégorie « A » d’ici le 1er février 2020, après quoi la Nation Tsilhqot’in en sera propriétaire. Le statut juridique de ces terres sera négocié et pourrait inclure un titre en fief simple.
Les parties établiront un processus décisionnel commun pour les terres de catégorie B, y compris la gestion et l’exploitation des ressources (p. ex. pêches et exploitation minière). Le partage des recettes tirées des ressources provenant des terres de catégorie B sera également négocié d’ici le 31 mars 2017.
Dans la zone de titre déclaré, les parties établiront une sous-table pour travailler sur les questions pratiques de transfert de la gestion et du contrôle complets, y compris tenter de résoudre les problèmes avec des tiers (détenteurs d’intérêts privés) dans la zone de titre déclaré.
L’Accord prévoit des changements corrélatifs aux ententes existantes entre les parties et une participation accrue des Tsilhqot’in et d’autres Premières Nations au processus d’évaluation environnementale et d’évaluation préalable.
La province fournit des fonds de mise en œuvre au gouvernement national des Tsilhqot’in et s’engage à négocier des recours pour les infractions passées dans la zone de titre déclaré.
L’Accord est un accord de négociation entre un gouvernement établi et un gouvernement émergent. L’ambitieuse négociation sera difficile. Entre-temps, cela créera de l’incertitude chez les Premières nations voisines, l’industrie et les collectivités non autochtones. Une gestion prudente de la communication publique sur les négociations sera essentielle.
La Nation Tsilhqot’in et la province se sont engagées à collaborer avec d’autres Premières Nations, notamment en s’attaquant aux problèmes traditionnels de chevauchement des territoires, en faisant du gouvernement fédéral une partie importante à la table des négociations et en collaborant avec d’autres tiers touchés.
L’Accord est un territoire inexploré en Colombie-Britannique et il établira un précédent important. L’expérience dans les territoires peut fournir une orientation sur ce que le résultat final peut intégrer, comme l’Accord-cadre définitif entre le gouvernement du Canada, le Conseil des Indiens du Yukon et le gouvernement du Yukon. Les traités négociés dans le cadre du Processus des traités de la Colombie-Britannique, comme l’Accord définitif de la Première Nation de Tsawwassen, peuvent également fournir des conseils utiles.
Les promoteurs qui cherchent à se développer dans le territoire de Tsilhqot’in devraient continuer d’entreprendre des consultations et un engagement rigoureux avec la Nation Tsilhqot’in afin de reconnaître leur rôle de premier plan dans la prise de décisions. Lors de l’élaboration de pratiques de mobilisation visant à établir une relation avec la Nation Tsilhqot’in, les promoteurs devraient également examiner les huit piliers de la réconciliation de l’Accord. Ces piliers fournissent un aperçu précieux des intérêts, des objectifs et des priorités de la Nation Tsilhqot’in.