Écrit par David Gruber, Andrew Froh and Madison Bergen
Un système juridique ne peut fonctionner adéquatement sans fournir un mécanisme efficace permettant aux plaideurs d’obtenir leurs jugements pécuniaires. Les méthodes législatives employées en Colombie-Britannique pour faire exécuter les jugements d’argent ont été critiquées comme étant désuètes, coûteuses et inefficaces. La Court Order Enforcement Act, RSBC 1996, ch.78 (COEA) a été importée du Royaume-Uni et régit la capacité des créanciers judiciaires de percevoir l’argent dû par une ordonnance du tribunal. Jusqu’à présent, le régime législatif n’a pratiquement pas été altéré depuis 1996 et a fait des tribunaux le seul décideur de ces jugements pécuniaires. 1 Cette approche a eu une incidence négative sur la compétitivité de la Colombie-Britannique et n’a fait qu’augmenter le coût des affaires dans la province. 2 La Loi sur l’exécution des jugements de finances (la Loi)3 , qui a reçu la sanction royale le 26 octobre 2023, remplace la COEA, réduisant considérablement la nécessité pour les tribunaux d’intervenir dans la collecte des jugements d’argent.
Loi sur l’exécution des ordonnances des tribunaux
L’objectif prédominant de la COEA est de permettre à un créancier judiciaire de percevoir des jugements d’argent et de garantir que les mécanismes de réalisation sont raisonnables en permettant à un débiteur judiciaire de conserver des biens limités pour le maintien de ses besoins fondamentaux. 4 Le COEA exige une intervention importante des tribunaux pour l’exécution des tâches administratives. Un créancier judiciaire doit présenter de nouvelles demandes judiciaires pour chaque méthode de perception monétaire qu’il a l’intention de demander, y compris les brefs de saisie et les ordonnances de saisie-arrêt, ce qui entraîne des retards importants dans l’exécution de leur jugement par les plaideurs. 5 La Loi, par contre, tente de rationaliser la fonction globale du système de justice et les intérêts individuels des plaideurs.
Loi sur l’exécution des jugements d’argent
L’objectif de la Loi est de simplifier l’exécution des jugements, de mettre à jour la COEA pour l’aligner sur les valeurs sociétales d’aujourd’hui et d’offrir des protections supplémentaires pour les droits raisonnables des débiteurs. La Loi introduit des caractéristiques novatrices, y compris, mais sans s’y limiter :
- La création d’un registre des jugements de finances (le registre) et l’utilisation d’agents d’application de la loi civile (qui sont des personnes nommées en vertu du paragraphe 3(1) de la Loi Sherriff, RSBC 1996, ch. 425 [c.-à-d. les huissiers de justice]) ; 6
- Renforcement de la protection des débiteurs jugements ; et
- L’introduction d’un délai de prescription réduit.
En vertu de la Loi, les créanciers doivent enregistrer leur ordonnance auprès du greffe s’ils ont l’intention de demander l’aide d’agents d’exécution civile. 7 Le Registre fonctionnera comme un sous-ensemble du Registre des biens personnels existant, ce qui permettra aux agents d’exécution de la loi en matière civile d’émettre des instructions uniques et complètes en matière d’exécution. 8 Les protections pour les débiteurs jugements seront renforcées par des exemptions supplémentaires pour le type de bien qui peut être saisi, et l’introduction d’un règlement mis à jour sur les jugements de finances visant à tenir compte des « nouveaux types de biens et des changements sociétaux qui font en sorte que certains biens passent d’un luxe à une nécessité ». 9 Enfin, le délai de prescription pour l’enregistrement et l’exécution des jugements a diminué. L’article 7 de la Loi sur la prescription, SBC 2012, ch. 13 accordait auparavant à un créancier un délai de 10 ans à compter de la date du jugement pour entamer une procédure judiciaire sur un jugement pour le paiement d’argent. 10 La Loi réduit le délai de prescription à deux ans après la dernière en date de la date à laquelle le jugement d’argent est accordé, ou la dernière date à laquelle le débiteur judiciaire fournit une reconnaissance écrite de responsabilité. 11
Implications pratiques pour les créanciers judiciaires, les débiteurs et les tiers
La loi devrait rendre le recouvrement des jugements plus convivial et réduire les frais juridiques associés au recouvrement des créances. Les parties sont en mesure de se rendre elles-mêmes au Registre et de fournir des instructions sur la façon de procéder au recouvrement des créances. L’inscription est volontaire et inutile lorsqu’une partie prévoit le recouvrement réussi de sa dette. 12 Cela dit, une fois qu’un jugement est enregistré, un créancier judiciaire bénéficie de l’affirmation de la priorité sur les biens du débiteur judiciaire en attendant le plein règlement de sa dette. L’enregistrement déclenche la capacité des agents d’exécution civile de saisir et de vendre les biens des débiteurs, éliminant ainsi la nécessité pour un créancier judiciaire de demander plus d’ordonnances judiciaires. Toutefois, le recouvrement des créances doit être effectué de manière équitable, ce qui offre au débiteur judiciaire une plus grande protection pour les biens exemptés, y compris le produit de la vente. 13 ans
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1 British Columbia Law Institute, Report on the Uniform Civil Enforcement of Money Judgements Act, (Vancouver : British Columbia Law Institute, 2005).
2 Colombie-Britannique, Division des politiques et de la législation de la Direction des services de justice du ministère du Procureur général, Document de consultation sur l’Uniform Civil Enforcement Money Judgements Act : Potential Departures and Additions ,(Colombie-Britannique : Division des politiques et de la législation de la Direction des services de justice du ministère du Procureur général, 2020) (« Document de consultation »).
3 SBC 2023, ch. 29.
4 Document de consultation, supra note 2.
5 Ministère du Procureur général, Communiqué de presse, « La Colombie-Britannique facilite l’obtention d’argent par les tribunaux » (1er mai 2023), en ligne :
6 SBC 2023, ch. 29, voir partie 3, section 2.
7 Document de consultation, supra note 2.
8 Communiqué de presse, supra note 6.
9 Document de consultation, supra note 2.
10 Ibid.
11 SBC 2023, c. 29, a. 12.
12 Document de consultation, supra note 2.
13 Communiqué de presse, supra note 6.