L’histoire des « Panama Papers » a frappé la presse internationale cette semaine. Une source anonyme a divulgué 11,5 millions de documents de Mossack Fonseca, la société panaméenne considérée comme le quatrième plus grand fournisseur mondial de services juridiques offshore. [1] Les documents révèlent l’utilisation de participations à l’étranger par des milliers d’entités et de particuliers à travers le monde, y compris des entreprises canadiennes et des résidents du Canada.
Les divulgations signifient que les entreprises pourraient trouver leurs activités devenir des nouvelles en première page dans les jours, les semaines et les mois à venir. Les régulateurs mondiaux ont pris note de la divulgation et ont commencé à enquêter sur eux: les enquêteurs fiscaux britanniques ont écrit à des organisations de médias demandant l’accès aux documents, et les autorités australiennes et néo-zélandaises ont annoncé qu’elles enquêtaient sur les clients de Mossack Fonseca sur une possible évasion fiscale. [2] D’autres autorités chargées de l’application de la loi ne manqueront pas de suivre, et des entreprises et des particuliers canadiens ont été nommés dans les fuites.
Cependant, certaines entreprises peuvent ne pas se rendre compte de l’étendue de leur exposition. Les entreprises qui n’ont jamais été clientes de Mossack Fonseca peuvent se retrouver impliquées dans des enquêtes en raison de l’utilisation de paradis offshore par des partenaires de coentreprise, des contreparties contractuelles, des agents ou d’autres intermédiaires avec lesquels elles ont fait affaire. Ces enquêtes peuvent s’étendre au-delà de l’évasion fiscale, à la corruption, aux sanctions et aux violations des contrôles à l’exportation, au blanchiment d’argent et à d’autres crimes économiques.
Pour les entreprises potentiellement impliquées dans des actes répréhensibles révélés par ces fuites, une question cruciale sera de savoir si les programmes de conformité qu’elles ont mis en place sont suffisants pour les protéger. De solides programmes de conformité qui comprennent le fait de poser les bonnes questions à des tiers avant de conclure des transactions commerciales avec eux fournissent une base à une entreprise pour démontrer qu’elle est innocente ou, du moins, qu’elle n’a pas été volontairement aveugle à la possibilité d’une activité illicite lors de la conduite d’affaires. Il est maintenant temps pour les entreprises de prendre d’autres mesures pour identifier les questions qui pourraient donner lieu à un examen minutieux à la suite des divulgations des Panama Papers et de demander l’avis d’un conseiller juridique sur leur exposition au risque et la réponse appropriée.
Environ 2,6 téraoctets de données ont été divulgués, ce qui fait de la fuite des Panama Papers la plus importante de l’histoire, des ordres de grandeur plus importants que les WikiLeaks de 2010 ou la divulgation de secrets offshore de 2013 par Edward Snowden.
[caption id="attachment_3389 » align="alignnone » width="2256"] Süddeutsche Zeitung, « À propos du Panama Papiers » (3 avril 2016)[/légende]
Les divulgations révèlent des liens vers 12 chefs d’État actuels ou anciens, 60 parents et associés de chefs d’État et d’autres politiciens, et la FIFA (la Fédération Internationale de Football Association), entre autres,Avec d’autres révélations des Panama Papers à l’horizon, il est maintenant temps pour les entreprises de se demander si elles font face à un risque potentiel de leurs activités commerciales passées, que ce soit directement ou indirectement. Les entreprises devraient envisager d’adopter une approche ciblée pour déterminer leur exposition. Cela peut impliquer l’examen de partenaires, de contreparties ou de projets spécifiques identifiés dans les fuites. Dans certains cas, des enquêtes internes ou d’autres efforts visant à déterminer l’étendue de la responsabilité potentielle peuvent être entrepris avec les conseils d’un conseiller juridique expérimenté pour s’assurer que si les forces de l’ordre dans n’importe quelle juridiction viennent frapper, l’entreprise est prête à répondre d’une manière responsable et fondée sur des preuves.