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Stratégie économique nationale pour les Autochtones Reconstruire les économies autochtones

24 juin 2022

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Écrit par Laurie Wright, Sharon Singh, Radha Curpen and Serge Dupont

Le 6 juin 2022, une coalition composée de plus de 25 organisations autochtones de partout au Canada a publié un conçue exclusivement par des dirigeants, des institutions et des organisations autochtones. La Stratégie vise à guider les gouvernements, l’industrie et les institutions dans leur travail de réconciliation et de collaboration pour rebâtir les économies autochtones.

Pourquoi une stratégie économique nationale pour les Autochtones?

Améliorer les résultats socioéconomiques pour les peuples autochtones

La Stratégie souligne cette disparité entre les Autochtones et la population non autochtone dans des domaines comme le revenu, l’éducation, le logement et la participation au marché du travail. La pauvreté, les logements inadéquats et le manque d’accès à l’eau potable et à d’autres services publics comme les soins de santé et l’éducation continuent d’être des obstacles importants qui empêchent les peuples autochtones de participer pleinement à l’économie du Canada.

Comme l’indique la Stratégie, « [L]a réconciliation ne sera pas possible sans des économies autochtones dynamiques, caractérisées par l’autosuffisance économique et l’égalité socioéconomique avec le reste du Canada ».

Favoriser le développement économique pour tous les Canadiens

L’autre ambition de la Stratégie est de contribuer de façon plus générale aux retombées économiques pour tous les Canadiens en récupérant les pertes pour l’économie canadienne qui découlent de la marginalisation économique des peuples autochtones. Comme l’indique le communiqué de presse accompagnant la Stratégie :

« La recherche a révélé que si l’écart dans les possibilités pour les communautés autochtones était comblé, il en résulterait une augmentation de plus de 30 milliards de dollars au PIB du Canada. De plus, si les peuples autochtones avaient un accès équitable aux possibilités économiques, 135 000 membres des Premières Nations, Métis et Inuits de plus seraient employés, ce qui rapporterait 6,9 milliards de dollars par année en revenu d’emploi. Parallèlement, la réduction de la pauvreté chez les peuples autochtones permettrait aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux d’économiser plus de 8 milliards de dollars par année.

Les institutions et les entreprises du Canada entendent ce message. Le mois dernier, Lawrence L. Schembri, alors sous-gouverneur de la Banque du Canada, dans un discours prononcé devant l’Association nationale des sociétés autochtones de capitaux, a fait écho au message selon lequel « [l]es Canadiens gagneraient également à une économie autochtone plus habilitée à réaliser son plein potentiel ».

Assurer un plan mesurable pour amener l’action

La Stratégie s’appuie sur les appels à l’action de vérité et réconciliation, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la Commission royale sur les peuples autochtones, entre autres, pour élaborer ses appels à la prospérité économique.

La Stratégie indique qu’il s’agit également d’une réponse dirigée par des Autochtones à une 2020 recommandation de l’Organisation de coopération et de développement économiques d’élaborer un cadre stratégique national pour le développement économique des Autochtones au Canada afin de : appuyer de meilleurs résultats en matière de développement économique pour les peuples autochtones, notamment en habilitant les collectivités et les organisations autochtones.

Afin de transformer les recommandations en mesures concrètes, la Stratégie indique clairement que les prochaines étapes essentielles comprennent la gouvernance et la gestion de la Stratégie, y compris la surveillance de la mise en œuvre. L' L’Université des Premières Nations du Canada abritera l’institut pour les travaux liés à la Stratégie, y compris le suivi de la mise en œuvre. La Stratégie prévoit également que son coût sera établi, au fur et à mesure que des analyses de rentabilisation entourant la mise en œuvre seront élaborées.

Qu’est-ce que la Stratégie économique nationale pour les Autochtones?

La Stratégie comporte quatre voies stratégiques : les personnes, les terres, l’infrastructure et les finances. Chaque voie est appuyée par des appels à la prospérité économique. Totalisant 107, les appels vont des mesures qui peuvent être mises en œuvre par les entreprises maintenant à des changements structurels et transformationnels majeurs nécessitant une législation ainsi qu’une coopération entre tous les ordres de gouvernement.

Vision des personnes : La capacité des peuples autochtones est renforcée. Les peuples autochtones sont habilités à choisir comment ils définissent, génèrent et redistribuent la richesse.

La voie des personnes porte sur l’entrepreneuriat, le leadership et la gouvernance autochtones, la main-d’œuvre et les marchés du travail, le capital social et le milieu de travail. Les appels comprennent l’accès au capital, la participation aux conseils d’administration des sociétés canadiennes, l’élaboration de programmes pour permettre aux peuples autochtones d’élargir leurs réseaux et l’assurance que les milieux de travail sont inclusifs, entre autres.

Vision des terres : Compétence autochtone. Reconnaissance et validation des décisions de justice, du droit international et des déclarations des Nations Unies. Règlement de toutes les revendications territoriales.

La voie des terres comprend des appels liés à la souveraineté territoriale (y compris le règlement immédiat de toutes les questions de compétence et de terres autochtones non résolues), à la gestion des terres (y compris la création d’un organisme de surveillance environnementale autochtone ayant des pouvoirs égaux à ceux de la Régie canadienne de l’énergie) et à la gérance de l’environnement (y compris l’établissement d’une politique selon laquelle les représentants des Premières Nations, des Métis et des Inuits sont inclus dans tous les gouvernements fédéraux; les organismes de réglementation provinciaux, territoriaux et municipaux).

Vision de l’infrastructure : Des infrastructures et des services physiques et institutionnels de pointe sont en place pour assurer une économie autochtone prospère aujourd’hui et pour les générations futures.

Le parcours infrastructure couvre l’infrastructure physique, l’infrastructure institutionnelle et les ressources financières pour l’infrastructure. Parmi les nombreux appels, il y a l’établissement de la priorité accordée au financement gouvernemental pour les projets d’infrastructure avec participation autochtone au capital et le transfert du développement économique des Autochtones aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.

Vision de la finance : Les peuples et les collectivités autochtones disposent du capital financier nécessaire pour atteindre la prospérité économique et sociale à leurs propres conditions.

La voie du financement de la Stratégie porte sur les sources de revenus, les fonds de stimulation, l’approvisionnement et le commerce. Ici, les appels comprennent la participation des peuples autochtones au partage des revenus tirés des ressources, la mise en œuvre d’incitatifs fiscaux pour les investisseurs du secteur privé, la création d’une banque d’investissement autochtone et la réforme de l’approvisionnement du gouvernement et des entreprises afin d’accroître la participation des Autochtones.

Considérations

La Stratégie est naturellement ambitieuse étant donné que les écarts socioéconomiques entre les peuples autochtones et la population canadienne en général sont importants et persistants. La Stratégie est un cadre permettant de continuer à faire progresser les objectifs fondamentaux de l’autonomie gouvernementale et de l’autodétermination autochtones dans une optique de développement économique. Bien qu’il reste à voir quelle influence les appels spécifiques de la Stratégie auront avec les entreprises et les gouvernements, la nécessité de mesures inclusives pour soutenir la capacité des peuples autochtones à bénéficier de l’économie et à y contribuer est indéniable.

Il est certain qu’au niveau fédéral, il y a harmonisation avec les mandats des ministres du Cabinet qui comprennent la réduction des lacunes en matière d’infrastructure pour les peuples autochtones; l’accélération du règlement des revendications territoriales en suspens; l’amélioration des possibilités de reprise économique pour les peuples autochtones; la promotion de l’autodétermination grâce à une forte reprise et à une croissance économiques, y compris l’accessibilité des soutiens aux entreprises autochtones; et la poursuite de l’élaboration d’un nouveau cadre national de partage des avantages pour les Peuples autochtones. Ceux-ci soulignent la nécessité d’un renforcement substantiel des capacités afin que les peuples autochtones aient une place à la table lorsqu’il s’agit de la croissance future du Canada.

La prospérité économique pour et avec les peuples autochtones pourrait également être mise de l’avant par le secteur privé dans le cadre de bonnes pratiques commerciales, y compris lorsqu’il s’efforce d’atteindre les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Il pourrait s’agir notamment de travailler avec les peuples autochtones sur les connaissances traditionnelles et l’utilisation des terres dans le contexte de la mise en valeur des ressources, d’investir dans les soutiens nécessaires à une plus grande participation des peuples autochtones au marché du travail et d’augmenter le nombre de membres autochtones au sein des conseils d’administration.

La Stratégie stimulera une discussion animée sur les voies de la réconciliation et du développement économique, sur les possibilités d’amélioration de la vie des peuples autochtones, ainsi que sur les mesures concrètes pour faire avancer les projets aujourd’hui d’une manière conforme aux objectifs ambitieux qui nécessiteront des efforts sur une plus longue période. 

 

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