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Le Canada et l’UE terminent les négociations du traité commercial

06 août 2014

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Le Canada et l’Union européenne ont annoncé aujourd’hui qu’ils ont terminé la négociation de leur Accord économique et commercial global (AECG). L’annonce met fin aux spéculations prolongées sur la question de savoir si un accord était toujours possible, spéculation alimentée par les près de dix mois qui se sont écoulés depuis que les parties ont annoncé une « entente de principe » en octobre dernier.

L’annonce politique d’octobre laissait entendre qu’il ne restait que des travaux techniques mineurs. En fait, certains éléments importants de l’AECG restaient en suspens, y compris les réserves très importantes qui déterminent l’étendue des engagements de chaque partie sur l’accès aux marchés et le traitement national pour l’investissement et les services (en particulier au niveau infranational et au niveau des États membres de l’UE) et le texte sur les services financiers. L’obtention de l’adhésion des pays de l’UE sur certaines questions d’accès aux marchés, l’attribution de quotas pour le bœuf et le porc parmi eux, s’est également avérée plus difficile que ce que le Canada avait été amené à croire par ses homologues de la Commission. Une partie de cela peut avoir reflété une erreur de jugement honnête, y compris des sensibilités des États membres de l’UE à l’AECG créant d’éventuels « précédents » alors que l’UE commençait à négocier un accord commercial (TTIP) avec les États-Unis. Cependant, avec l’annonce d’aujourd’hui, on peut dire à juste titre que ce qui reste vraiment, c’est un travail technique: l’examen juridique, ou « nettoyage », pour s’assurer que l’accord est cohérent sur le plan interne et dit ce que les négociateurs voulaient qu’il dise, et la traduction du texte en français et dans 21 autres langues officielles de l’UE.

Comme une grande partie du texte a été achevée il y a des mois, le travail a sans aucun doute déjà commencé sur le gommage et la traduction. Pourtant, ce sont des processus capricieux et chronophages qui, nous nous attendons à ce qu’ils prennent plusieurs mois. Une fois qu’ils seront terminés, le texte sera prêt à être signé. Du côté de l’UE, cela nécessitera une décision du Conseil de l’UE; le processus est plus simple du côté canadien, où l’approbation de la politique pour la signature est obtenue par une décision du Cabinet, ainsi que par un pouvoir de signature accordé par décret. Tout bien considéré, il pourrait bien s’agir d’un an avant la signature de l’accord.

En tant que question officielle, l’AECG n’entrera pas en vigueur tant qu’il n’aura pas été ratifié. Encore une fois, il s’agit d’un processus relativement simple du côté canadien « en particulier avec un gouvernement majoritaire pour adopter la législation de mise en œuvre nécessaire », mais pas si clair pour l’UE, où les rôles respectifs de la Commission et des États membres dans l’ère post-Traité de Lisbonne restent l’objet d’un certain débat. Nous savons qu’il faudra un vote du Parlement européen, mais la question de savoir si les parlements des États membres devront eux aussi approuver l’accord reste une question. La ratification pourrait donc avoir deux ans, peut-être plus.

La bonne nouvelle, c’est que l’AECG lui-même prévoit qu’il peut être « appliqué provisoirement ». Cela signifie qu’une fois qu’il est signé et que toute loi de mise en œuvre nécessaire a été adoptée, le Canada et l’UE peuvent convenir de donner effet à de nombreuses parties du traité avant qu’il ne soit ratifié. Cela comprendra les dispositions d’élimination des droits de douane.

Quant au moment où le texte de l’AECG sera rendu public, nous nous attendons à ce qu’il le soit bientôt. Habituellement, le Canada ne publie pas les textes des traités commerciaux tant qu’ils n’ont pas été signés. Cela a sa logique, mais c’est plus difficile à justifier dans le cas d’un accord d’une telle importance économique et politique que l’AECG. Le texte de l’ALENA a été publié sous forme de projet peu de temps après la conclusion de ces négociations; quelque chose de similaire aurait du sens pour le texte de l’AECG, peut-être d’ici le sommet Canada-UE de septembre entre le premier ministre Harper et le président de l’UE Barroso.

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