Les tendances récentes en matière de prix de transfert mettent de nouveau l’accent sur l’observation des prix de transfert par les entreprises de toutes tailles et soulignent l’utilité d’une approche unifiée en matière de prix de transfert fiscaux et douaniers qui optimise les avantages découlant de la double planification et minimise les différends coûteux et prolongés. Dans cette mise à jour, nous mettons en évidence ces tendances clés et discutons des caractéristiques et des avantages de l’approche unifiée.
Notre connaissance des tendances récentes en matière de prix de transfert découle d’expériences d’exécution par les autorités fiscales qui cherchent à obtenir l’observation et, notamment, des taxes et/ou des droits supplémentaires (au Canada, l’Agence du revenu du Canada (ARC) et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), respectivement). En particulier, tenez compte de ce qui suit :
de l’ARC et de l’ASFC, ainsi que des autorités fiscales gouvernementales homologues dans d’autres pays (notamment l’IRS), augmentent la dotation en personnel, de sorte que les contribuables et les importateurs sont confrontés à une plus grande probabilité de vérification. Les petites et moyennes entreprises, qui n’ont pas toujours été considérées comme des cibles, ne devraient plus présumer que leurs pratiques en matière de prix de transfert sont « sous le radar ».
L’ASFC, en particulier, entreprend des vérifications plus détaillées de l’évaluation en douane (propres au programme) et, dans ces détails, se trouvent les pratiques en matière de prix de transfert. Par conséquent, les importateurs devraient s’attendre à faire l’objet d’un examen plus approfondi des prix d’achat dans les transactions de vente de marchandises entre apparentés.
L’ASFC a commencé à requalifier de « produits subséquents » passibles de droits ce qui est par ailleurs des paiements non passibles de droits (p. ex. marketing, TI, gestion, comptabilité/tenue de livres, services juridiques, etc., services et droits de licence) qui ne sont pas appuyés et qui ne peuvent pas être suffisamment liés aux avantages tirés par les importateurs de biens achetés du fournisseur de services ou de son groupe de sociétés connexes.
Les autorités fiscales coordonnent leurs efforts par l’échange d’information, ce qui fait en plus d’entreprises confrontées à de multiples vérifications. Les vérifications peuvent être très coûteuses en termes de ressources internes détournées, même si le contribuable ou l’importateur réussit.
Les autorités, notamment l’ARC et, dans une plus grande mesure que par le passé, l’ASFC, deviennent beaucoup plus agressives dans l’évaluation des pénalités. Dans le contexte de l’impôt sur le revenu, les répercussions sont des pénalités en espèces importantes et non déductibles. De plus, le non-respect des exigences contemporaines en matière de documentation peut placer les contribuables dans une situation de pénalité réputée.
Les entreprises transfrontalières sont confrontées à un risque croissant de double imposition, car les gouvernements recherchent agressivement plus de recettes fiscales en resserrant la réglementation et les pratiques en matière de prix de transfert. Les positions contraires de l’IRS et de l’ARC sur les frais de gestion (y compris un élément de profit par rapport à la répartition directe des coûts) ne sont qu’un exemple qui aura une incidence potentiellement importante, en particulier sur les filiales canadiennes qui paient des frais de gestion à des sociétés mères américaines.
Ces tendances en matière d’exécution de la loi informent les contribuables et les importateurs/exportateurs de la nécessité d’être vigilants et proactifs en ce qui concerne l’observation des prix de transfert. Cependant, les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. Les changements et les tendances récents peuvent créer des possibilités et des avantages en matière de prix de transfert pour les entreprises. En particulier :
Le Canada a toujours été une juridiction à fiscalité élevée, de sorte que les politiques de prix de transfert des sociétés visaient à réduire le revenu canadien en faveur de celui des parties liées dans d’autres juridictions. Cependant, alors que les taux d’imposition des sociétés du Canada ont tendance à baisser et que l’on s’attend à des augmentations ailleurs, y compris aux États-Unis, le moment est venu pour les entreprises de jeter un regard neuf sur leur planification des prix de transfert afin d’améliorer l’efficacité fiscale globale de leur structuration internationale. Pour des avantages optimaux, cependant, il est essentiel d’adopter une approche unifiée qui inclut les impacts douaniers ainsi que fiscaux.
Les procédures de l’autorité compétente Canada-États-Unis, qui sont des négociations de gouvernement à gouvernement impliquant des contribuables soumis à une double imposition, ont récemment été améliorées par des procédures d’arbitrage obligatoires de type baseball (dernière meilleure offre). Bien qu’elles soient encore très nouvelles, ces procédures devraient encourager les autorités compétentes du Canada et des États-Unis à adopter des positions plus raisonnables qui atténuent mieux la double imposition.
La pratique actuelle de l’ASFC de refuser le remboursement des droits et des intérêts qui devraient résulter du rajustement à la baisse des prix de transfert des marchandises importées est contestée et, si elle réussit, offrira la possibilité de demander des remboursements pour les importations effectuées dans les quatre ans suivant la date de la demande de remboursement.
Compte tenu de l’importance des risques et des possibilités liés aux prix de transfert pour le résultat net, il est important que les entreprises adoptent une approche unifiée pour élaborer des politiques et des pratiques de prix de transfert solides mais pratiques. En particulier :
documentation contemporaine doit répondre aux normes de toutes les autorités fiscales intéressées. D’après notre expérience, les études sur les prix de transfert sont souvent insuffisamment détaillées à des fins douanières, en particulier lorsqu’il y a plusieurs transferts (p. ex., marchandises, PI et/ou services). De plus, la documentation contemporaine ne peut pas être statique : elle devrait être mise à jour régulièrement ainsi que lorsque la situation commerciale change (p. ex., nouveau secteur d’activité, évolution de l’environnement concurrentiel). Il est également nécessaire de tenir à jour les documents internes à l’appui à partir desquels des études sur les prix de transfert ont été élaborées. Cela est particulièrement important dans le contexte douanier parce que les éléments non passibles de droits sont examinés de près pour s’assurer que les paiements sont pour des services ou des droits de propriété intellectuelle effectivement reçus.
Les prix de transfert ne se terminent pas par une documentation contemporaine. Au lieu de cela, une approche unifiée qui coordonne les accords commerciaux et les pratiques commerciales avec des prix de transfert indépendants et d’autres conditions est essentielle dans le climat d’application de la loi d’aujourd’hui.
Une approche coordonnée des prix de transfert est particulièrement importante dans le contexte des rajustements des prix de transfert où il existe une tension naturelle entre les douanes et l’impôt sur le revenu (p. ex., l’évaluation en douane (droit) par rapport aux GCC (bénéfices/impôt sur le revenu)). De plus, différentes périodes de déclaration (la déclaration des prix de transfert en douane est transactionnelle, mais la déclaration de l’impôt sur le revenu est fondée sur les exercices) rendent le traitement des rajustements potentiellement complexe.
La tension inhérente aux prix de transfert des douanes et de l’impôt sur le revenu, associée à une plus grande coordination des mesures d’exécution par les autorités fiscales, exige également une approche unifiée de la fiscalité et des douanes pour les vérifications des prix de transfert ou les divulgations volontaires.