L’objectif du présent document est d’explorer la façon dont deux points d’ancrage budgétaires, le ratio dette/PIB et le ratio des revenus des frais d’intérêt, sont susceptibles d’évoluer au cours de la décennie à venir (2032-33) dans cinq scénarios économiques plausibles et donc d’évaluer les implications de ces deux points d’ancrage comme guide pour des mesures de politique budgétaire durables.
Dans le budget de 2022 et l’énoncé économique de novembre, le gouvernement fédéral a présenté un plan financier en fonction d’un ensemble d’hypothèses plausibles mais optimistes sur le contexte économique et de taux d’intérêt dans lequel il fonctionnerait jusqu’en 2027. Dans notre scénario de base, nous intégrons ces hypothèses et prolongeons le plan financier jusqu’en 2032. Dans ce scénario de base, le ratio de la dette nette au PIB continue de diminuer pour atteindre le niveau d’avant la COVID d’ici 2032 et le ratio coûts/revenus d’intérêt demeure inférieur à 10 %. Ainsi, si le gouvernement fédéral limitait les dépenses et les emprunts aux niveaux établis dans l’Énoncé économique de l’automne 2022, ces deux ratios indiquent que le gouvernement fédéral serait en mesure de continuer à accéder aux marchés financiers sans payer une prime de risque plus élevée, bien qu’à des taux d’intérêt plus élevés que dans la période pré-COVID, car les taux d’intérêt mondiaux sont constamment plus élevés.
Mais il y a trois grands risques à ce scénario de base, même en supposant que la croissance potentielle réelle de 1,8% par an et l’inflation de 2% sont atteintes et que la structure fiscale actuelle reste en place:
Lorsque chacun de ces risques est modélisé individuellement, le ratio dette/PIB diminue quelque peu, mais demeure à 40 % ou au-dessus chaque année jusqu’en 2032, et le ratio coûts d’intérêt/revenus augmente légèrement au-dessus de 10 % d’ici ou avant l’exercice 2027-28.
Comme ces trois risques sont susceptibles de se produire simultanément au moins dans une certaine mesure, dans un cinquième scénario, les deux ratios sont calculés en tenant compte des trois risques combinés. Dans ce cas, le ratio dette / PIB resterait proche de 50% tout au long de la période et le ratio coûts d’intérêt / revenus augmenterait régulièrement bien au-dessus de 10%, en particulier au-delà de 2026-27. Si tel était le cas, l’accès continu du gouvernement fédéral aux marchés financiers aux conditions favorables actuelles serait sérieusement menacé et le taux à 10 ans des obligations du Canada pourrait bien être supérieur à 3,7 % d’ici la fin des années 2020. De plus, comme l’effet d’entraînement de la hausse des taux et de la détérioration des finances publiques pourrait nuire de façon permanente aux investissements privés (et publics) nécessaires pour assurer la croissance réelle potentielle de 1,8 % supposée dans notre analyse, notre conclusion est qu’il existe un risque important dans le plan financier tel qu’il est présenté dans le budget de 2022 et que la SEF de l’automne pourrait ne pas être viable dans la décennie à venir.
Préparé en collaboration avec Robert Asselin, vice-président principal des politiques au Conseil canadien des affaires.
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