Les économies canadienne et mondiale tentent encore de s’adapter aux chocs causés par la COVID et la guerre. L’inflation persiste et les politiques monétaires sont restrictives. Les chocs ont laissé des traces, en particulier une dette publique et privée élevée.
Au même moment, les effets du vieillissement démographique, des changements climatiques et de la numérisation s’intensifient dans un nouveau contexte mondial fragmenté, ce qui transforme nos économies et exige davantage d’investissements publics et privés.
Ce double ensemble de facteurs – ajustement à court terme et changement structurel – constitue la toile de fond de nos Perspectives économiques 2024.
Perspectives à court terme
Nous prévoyons que la croissance économique mondiale ralentira pour s’établir à 2,6 % en 2024 et affichera une croissance modeste de 3 % en 2025.
Selon notre scénario de base prudent, 2024 sera une année de faible croissance aux États-Unis et au Canada. Nous pensons qu’il est fort probable que la Banque du Canada et la Réserve fédérale amorcent un assouplissement de leur politique monétaire après mi‑2024, ce qui soutiendra la reprise.
L’économie américaine croîtrait à un rythme annuel d’environ 2,0 % entre le quatrième trimestre 2024 et la fin de 2025. L’économie canadienne, qui a affiché une faible croissance en 2023, connaîtrait une croissance plus rapide, d’environ 2,9 %, du troisième trimestre 2024 à la fin de 2025.
À la fin de 2025, l’inflation dans les deux économies devrait être proche de la cible, et les taux d’intérêt se situeraient entre 3 et 3,5 %, proche de ce qui pourrait être le « nouveau » taux neutre de la Réserve fédérale et de la Banque du Canada à moyen terme.
Il existe des risques des deux côtés de notre scénario de base, mais dans un monde instable, les risques à la baisse sont un peu plus prononcés.
Facteurs structurels et pression sur la croissance du niveau de vie
Au-delà de cet horizon, l’interaction des facteurs structurels est susceptible de créer une forte demande d’investissement et de soutenir la pression à la hausse sur les coûts tout en entraînant une baisse des taux d’épargne, ce qui maintiendra les taux d’intérêt nominaux et réels au‑dessus de leurs niveaux prépandémiques.
Compte tenu des tensions géopolitiques, du ralentissement des échanges commerciaux et de la fragmentation de l’économie mondiale, nous prévoyons une croissance modeste à moyen terme.
Pour le Canada, les facteurs structurels constituent un formidable défi. Les gouvernements et les entreprises doivent travailler de concert pour accroître les investissements publics et privés, accélérer l’innovation, stimuler la croissance de la productivité et adapter la structure de notre économie afin de maintenir et d’augmenter le revenu par habitant.
Actuellement, nous ne relevons pas ce défi. Depuis le milieu des années 1990, la croissance de notre productivité accuse un retard chronique sur celle des États-Unis. En outre, depuis le premier trimestre 2020, notre PIB par habitant recule à un rythme annuel de 0,5 %, alors qu'il progresse de 1,6 % aux États-Unis.
La part des investissements dans notre PIB doit augmenter, de sorte que la part de la consommation doit reculer. Il ne faut pas s’imaginer que ce sera facile, car le Canada doit investir davantage à la fois dans la capacité de production et dans le logement.
Les ménages devront augmenter leur taux d’épargne, les gouvernements devront exercer une discipline budgétaire et allouer une plus grande partie de leurs recettes à l’investissement, et les entreprises devront conserver une plus grande partie de leurs bénéfices pour les réinvestir. Dans un contexte mondial de faible croissance, cela se traduira très probablement par une période de réduction de la consommation en termes absolus à court terme, et par un niveau de vie perçu qui fait du surplace.
Il s’agit là de messages difficiles pour les Canadiens, en particulier dans le contexte politique actuel.
Orienter nos stratégies commerciales
Pour non seulement survivre àa la transformation économique, mais prospérer, les entreprises n’ont pas d’autre choix que d’investir dans un capital physique plus important et plus productif, ainsi que dans la qualification et le perfectionnement des travailleurs. Elles doivent également innover et déployer la bonne combinaison d’intrants, y compris des actifs technologiques et intangible, afin d’augmenter la productivité totale des facteurs.
La technologie est au cœur de la transformation de l’économie mondiale.
La technologie numérique est maintenant présente dans tous les secteurs de l’économie, et l’intelligence artificielle (IA) générative promet d’accélérer ce processus. L’IA dispose d’un immense potentiel pour remplacer ou compléter le travail des humains, même des travailleurs hautement qualifiés, et elle peut donc constituer une force à la fois créative et perturbatrice.
La technologie détermine également les voies et les coûts de la transition énergétique. Si le rythme de la transition est incertain, ce qui est certain, c’est que la technologie sera au cœur des solutions pour réduire les émissions tout en préservant la sécurité énergétique, la compétitivité et la prospérité.
La compétitivité exige d'être parmi les premiers à adopter les nouvelles technologies. Plus important encore, pour prendre les devants, il faut trouver de nouvelles idées, créer et détenir des actifs de propriété intellectuelle de valeur et les commercialiser avec succès.
Pourtant, nos entreprises n’investissent pas suffisamment dans l’innovation. En guise d’indicateur, mentionnons que les dépenses annuelles totales en recherche et développement s’élèvent à 1,6 % du PIB pour le Canada, contre une moyenne de 2,7 % pour l’OCDE. En outre, compte tenu du poids de son économie, le Canada détient une part relativement faible des droits de propriété intellectuelle à l’échelle mondiale.
Même dans les domaines où le Canada peut prétendre être un chef de file ou aspirer à le devenir, notamment l’énergie et l’IA, il ne parvient pas à prendre les devants et a même du mal à se maintenir dans le peloton dans la course mondiale pour l'avantage technologique.
La numérisation et la transition énergétique transforment l’économie et représentent pour nos entreprises une occasion de s’imposer davantage dans les chaînes de valeur mondiales.
Malgré la complexité et l’évolution constante des règles, des sanctions, des réglementations et des normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) au niveau mondial, il est essentiel que nos entreprises se tournent vers l’exportation.
Le commerce mondial continue de croître et, grâce à des investissements appropriés, notre économie et nos entreprises peuvent s’appuyer sur leurs atouts pour soutenir, diversifier et développer les échanges. Nous pouvons également mobiliser des investissements de l’étranger.
Grâce à la transition énergétique, le Canada peut tirer parti de sa position d’exportateur fiable d’hydrocarbures d’origine responsable et, au fil du temps, effectuer une transition vers l’exportation de produits de base, de minéraux, de technologies et de services liés à l’énergie propre.
Le Canada peut s’appuyer sur son capital humain de classe mondiale, ses institutions et son écosystème dynamique d’entreprises numériques pour monétiser, par le truchement du commerce mondial, la valeur de l’innovation et des services numériques, y compris l’IA et ses applications.
Si on procède aux investissements nécessaires dans les infrastructures, notre secteur agroalimentaire peut également tirer parti de ses avantages naturels, de son savoir-faire et de sa technologie pour ajouter de la valeur et accroître ses exportations sur les marchés qui recherchent un approvisionnement de qualité, sûr et sécuritaire.
Orienter nos cadres stratégiques
La priorité de la politique monétaire est de ramener l’inflation à son niveau cible et de l’y maintenir. C’est la meilleure façon de maintenir les taux d’intérêt au niveau le plus bas possible et de soutenir les investissements et l’ajustement économique. Compte tenu de l’importance de la dette publique et privée, une inflation faible est également importante pour la stabilité financière.
La politique budgétaire doit agir de concert avec la politique monétaire en limitant les dépenses en services courants et en transferts. Elle doit définir une trajectoire crédible à court et à moyen terme qui se conforme à une cible budgétaire solide. Les gouvernements devraient veiller à ce que les frais de la dette publique soient inférieurs à 10 % de leurs recettes. Selon l’Énoncé économique de l’automne du gouvernement fédéral, cette « règle » est enfreinte à compter de 2023‑ 2024.
Les gouvernements doivent être honnêtes auprès des Canadiens et admettre qu’il ne sera pas possible d’augmenter ou d’améliorer les services sans augmenter les impôts. En outre, ils doivent consacrer une part plus importante de leurs recettes aux investissements publics susceptibles d’accroître notre potentiel économique.
La politique structurelle – les lois, règlements et actions qui façonnent l’environnement commercial – doit être axée sur l’investissement, l’innovation et la croissance de la productivité. Les cadres stratégiques élaborés au cours des décennies précédentes doivent être adaptés à l’économie d’aujourd’hui, et il faut corriger les initiatives peu judicieuses qui nuisent à l’adaptation et à l’investissement.
Nous avons défini cinq priorités : l’immigration, la concurrence, la fiscalité, les cadres pour l’économie numérique et la réglementation environnementale.
L’immigration est désormais à l’origine de la quasi-totalité de la croissance nette de la population active. Nous devons réorienter les politiques et les programmes, non pas pour pallier temporairement les pénuries de main-d’œuvre immédiates, mais pour constituer une source de travailleurs hautement qualifiés et productifs.
La concurrence est l’incitation la plus forte à l’innovation et à la croissance de la productivité. Il faut l'intensifier. Certaines modifications proposées récemment à la Loi sur la concurrence peuvent être utiles. La solution se trouve principalement dans des cadres commerciaux et de marché qui rendent les marchés ouverts et concurrentiels.
Il ne faut pas négliger la structure fiscale. Il y a lieu de bonifier les incitations au travail, à l’épargne et à l’investissement et de s’appuyer davantage sur les taxes à la consommation. Il pourrait également être opportun de rééquilibrer le système d’imposition et de transfert afin d’accorder moins d’avantages aux retraités canadiens et plus aux travailleurs.
Nous devons accélérer l’adaptation de nos cadres commerciaux à l’économie numérique. Nos lois, règlements, normes et codes doivent être modernisés pour stimuler l’innovation tout en préservant la confiance des consommateurs, le respect de la vie privée, et la cybersécurité. Nous accusons un retard.
La transition énergétique nécessitera des investissements massifs et soutenus dans de nouvelles infrastructures énergétiques au cours des 20 à 30 prochaines années. Un environnement réglementaire et des instruments fiscaux prévisibles et compétitifs constituent des conditions essentielles. De nombreuses questions doivent être résolues rapidement.
Conclusion
La période actuelle n’est pas facile. Nous ne nous sommes pas encore totalement remis des chocs causés par la COVID et la guerre. Le monde est en proie à l’incertitude. Les élections présidentielles américaines de 2024 demeurent une grande inconnue. Les changements structurels mettront notre économie à rude épreuve, mais présenteront de nouvelles occasions.
Pour naviguer dans ces eaux et préserver notre prospérité, il faut un effort collectif, notamment une collaboration entre les gouvernements et les entreprises. Notre responsabilité commune est d’accroître l’investissement et l’innovation, de stimuler la croissance de la productivité, d’adapter la structure de notre économie et d’augmenter le revenu par habitant.
Traduction alimentée par l’IA.
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