Le point sur le commerce international - mars 2009

04 mars 2009

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Écrit par Darrel H. Pearson, Milos Barutciski, Jesse Goldman

Le budget de 2009 faits saillants

Le Plan d’action économique du Canada propose des mesures pour renforcer les entreprises canadiennes

Le 27 janvier 2009, le ministre des Finances a présenté son budget intitulé Plan d’action économique du Canada : Budget de 2009. Le budget décrit les mesures visant à encourager la reprise et la croissance économiques. Parmi ces mesures, plusieurs visent spécifiquement à renforcer la position des entreprises canadiennes et auront une incidence sur le commerce international. Les plus notables sont les réductions tarifaires sur les machines et le matériel, les mesures relatives à l’amélioration de la circulation transfrontières des marchandises, le soutien à court terme aux « secteurs clés » et l’investissement dans les infrastructures.

Réductions tarifaires sur les machines et le matériel

Le budget propose d’éliminer définitivement les droits de douane sur une gamme de machines et de matériel. La mesure vise à aider les producteurs canadiens à acheter de l’équipement spécialisé, à moderniser leurs activités et à accroître leur compétitivité. On s’attend à ce que cette mesure permette à l’industrie canadienne d’économiser 440 millions de dollars au cours des cinq prochaines années.

Mouvement des marchandises

Le budget prévoit des mesures à prendre pour faciliter le mouvement des marchandises en modifiant les règles du Tarif des douanes concernant le traitement des conteneurs de fret importés temporairement. De plus, il s’engage à entamer des consultations en ce qui concerne la libéralisation accrue de l’utilisation de ces conteneurs au Canada. Il a également l’intention d’apporter des modifications aux règles du Tarif des douanes annoncées en septembre 2008 pour mettre en œuvre les résultats des négociations au titre de l’article XXVIII du GATT concernant les concentrés de protéines de lait.

Investissement dans l’infrastructure

Le budget décrit plusieurs initiatives visant à améliorer l’infrastructure frontalière du Canada. Il s’agit notamment d’un investissement de 80 millions de dollars pour moderniser et agrandir les installations de services frontaliers dans le but exprès de réduire le temps de traitement des expéditions commerciales. Les projets spécifiques comprennent 14,5 millions de dollars pour des ponts à deux des postes frontaliers les plus achalandés entre les États-Unis et le Canada (pont Blue Water à Sarnia et pont Peace à Fort Erie) ainsi que des fonds pour des installations frontalières à Prescott en Ontario et à Huntingdon, Kingsgate et pacific highway en Colombie-Britannique.

Soutien à court terme pour les « secteurs clés »

Le budget promet d’aider les secteurs qu’il identifie comme des « secteurs clés », en prenant des mesures pour les soutenir jusqu’à ce que l’économie s’améliore.

Le secteur forestier recevra un total de 170 millions de dollars au cours des deux prochaines années : 80 millions de dollars seront versés pour le programme des technologies transformatrices; 40 millions de dollars pour élaborer des projets pilotes de démonstration de nouveaux produits pouvant être utilisés dans des applications commerciales; 40 millions de dollars pour les programmes Le bois canadien, Valeur pour le bois et Le bois d’Abord pour l’Amérique du Nord afin d’aider les entreprises forestières à commercialiser des produits novateurs à l’échelle internationale; et 10 millions de dollars pour appuyer des démonstrations à grande échelle de Utilisation du bois de style canadien pour la construction dans des marchés extracadiers ciblés et utilisations non traditionnelles du bois sur les marchés intérieurs.

En ce qui concerne l’industrie automobile, le budget reconnaît que le Canada fait partie d’un marché hautement intégré et de plus en plus mondial. Le budget fait référence à l’entente conclue entre le gouvernement fédéral et le gouvernement de l’Ontario en vertu de laquelle GM et Chrysler recevraient jusqu’à 4 milliards de dollars en prêts remboursables à court terme. De plus, il s’engage à créer une facilité canadienne de crédit garanti de 12 milliards de dollars afin d’améliorer la disponibilité du crédit pour les consommateurs qui souhaitent acheter et louer de nouveaux véhicules.

Négociations commerciales

Harper est prêt à inclure le travail et l’environnement dans l’ALENA

La révélation politique la plus surprenante de la première visite à l’étranger du président Barack Obama a été la volonté exprimée par le premier ministre Stephen Harper d’inclure des dispositions sur le travail et l’environnement dans le texte de l’ALENA, à condition qu’elle n’exige pas une renégociation de l’ensemble de l’accord. La déclaration de Harper était une volte-face de sa position il y a un an lorsqu’il a déclaré à la Chambre des communes, le 28 février 2008, que ce serait une « erreur » pour les États-Unis de rouvrir l’ALENA. À l’époque, il a été rapporté que les candidats à la présidence Hillary Clinton et Obama avaient menacé de retirer les États-Unis de l’ALENA à moins qu’il ne soit renégocié. Au cours de sa visite au Canada, Obama a semblé adopter une approche nettement prudente en matière de libre-échange en se limitant à une suggestion selon laquelle les accords du côté du travail et de l’environnement de l’ALENA « pourraient tout aussi bien être incorporés dans le corps principal de l’accord, afin qu’ils puissent être appliqués efficacement ». Dans le même temps, Obama a déclaré que les États-Unis doivent faire preuve de « leadership en croyant que le commerce est en fin de compte bénéfique pour tous les pays ».

Commerce et changement climatique

Les plans américains sur les changements climatiques ne traitent pas des importations

Les grandes lignes législatives de la lutte contre le changement climatique dévoilées par la présidente du Comité sénatorial de l’environnement et des travaux publics, Barbara Boxer, n’abordent pas exactement la façon dont un tel projet de loi traiterait exactement des importations de produits à forte intensité de carbone en provenance de pays qui ne prennent aucune mesure pour réduire ou réduire les émissions de gaz à effet de serre comparables à celles des États-Unis.

L’un des grands principes du projet de loi est de veiller à ce qu’il y ait « des règles du jeu équitables, en offrant des incitations à la réduction des échanges de droits d’émission et des moyens de dissuasion efficaces afin que les pays contribuent leur juste part à l’effort international de lutte contre le réchauffement climatique ». En vertu des grands principes du projet de loi, les États-Unis établiraient un système national de « plafonnement et d’échange », en vertu duquel les entreprises énergétiques et les fabricants de produits à forte intensité de carbone achèteraient et échangeraient le droit d’émettre des gaz à effet de serre. Les entreprises nationales américaines craignent que les coûts plus élevés de la conformité ne donnent un avantage commercial aux entreprises étrangères qui ne sont pas confrontées à des régimes similaires.

Toutefois, plusieurs sénateurs ont fait des propositions législatives pour uniformiser les règles du jeu à l’échelle mondiale en exigeant que les entreprises qui importent des marchandises de pays qui n’adoptent pas un système comparable à celui des États-Unis réduisent les émissions pour acheter des droits. La question cruciale est de savoir si ce système de quotas est adopté comme une mesure de conservation de bonne foi qui est compatible avec les règles de l’OMC ou s’il équivaut à une protection illicite pour la branche de production nationale. L’adoption d’une législation qui respecte les règles de l’OMC pourrait présenter un défi, car certains législateurs américains et certains secteurs de l’industrie nationale souhaitent que le projet de loi met davantage l’accent sur la protection du commerce, ce qui saperait tout argument en faveur de son objectif environnemental légitime. Toute législation qui impose des coûts accrus aux producteurs étrangers peut être contestée par les gouvernements des producteurs comme étant protectionniste. En effet, de nombreux pays, dont la Chine et l’Inde, ont fait valoir ce point avec force.

À l’heure actuelle, il n’y a pas de projets de loi qui traitent de cette question et cela présente une question intéressante de droit commercial international, car il est clair que les États-Unis vont de l’avant avec un modèle de « plafonnement et d’échange », mais sans indication ferme de la façon dont les aspects commerciaux et économiques évidents et moins évidents seront abordés.

Rapport de l’OMC sur les obstacles au commerce

Rapport de l’OMC: Promesses non tenues et augmentation des obstacles au commerce

Un rapport publié par l’OMC révèle que certains pays ont pris des mesures pour ériger de nouveaux obstacles au commerce et améliorer les résultats à l’exportation des industries nationales dans leur réponse à la crise financière mondiale. Le rapport du Directeur général sur la crise financière et économique et l’évolution de la situation liée au commerce à l’OEPC répertorie une série de mesures prises par certains pays qui compliquent ou restreignent le commerce. Ce faisant, certains pays du G-20, de l’APEC et d’Asie n’ont pas respecté les engagements pris lors de réunions internationales à la fin de 2008, au cours desquelles ils ont convenu de ne pas mettre en place de nouveaux obstacles protectionnistes tarifaires et non tarifaires au commerce lorsqu’ils ont fait face aux répercussions de la crise financière mondiale. L’OMC considère que l’Argentine, le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, la Russie et la Corée du Sud n’ont déjà pas tenu cet engagement. La Commission européenne ayant annoncé son intention de rétablir les subventions pour certains produits laitiers, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni pourraient être ajoutés à la liste. En outre, le rapport ne traite pas des mesures de restriction ou de distorsion des échanges qui ont été ou sont susceptibles d’être adoptées dans des endroits comme les États-Unis, le Brésil, le Japon ainsi que dans d’autres pays asiatiques.

Commerce: New USTR

Kirk Nommé représentant américain au Commerce

Le président Obama a nommé l’ancien maire pro-commerce de Dallas Ron Kirk au poste de représentant américain au commerce. M. Kirk occupera le poste de membre du Cabinet avec des bureaux à Washington, Genève et Bruxelles.

En tant qu’ancien partisan de l’ALENA et des relations commerciales normales permanentes (PNTR) de la Chine, Kirk fera l’objet d’un examen minutieux alors qu’il assume la responsabilité de respecter la promesse d’Obama de corriger les accords commerciaux existants et de créer une nouvelle politique commerciale qui profite à plus de gens. L’opposition de Kirk à Fast Track lors de sa course au Sénat américain de 2002 le met en conformité avec le point de vue de la majorité au Congrès et le positionne pour tenir la promesse de campagne d’Obama de remplacer Fast Track par un processus qui offre un plus grand rôle au Congrès pour s’assurer que les accords commerciaux américains favorisent l’intérêt public.

L’un des défis de Kirk sera de renforcer les normes du travail et de l’environnement dans les accords existants et de supprimer de nombreuses dispositions qui entrent en conflit avec les objectifs politiques clés d’Obama en matière de soins de santé, de changement climatique et d’indépendance énergétique. Ces changements pourraient nécessiter la renégociation d’aspects des accords de l’Organisation mondiale du commerce dans des domaines importants comme la politique d’approvisionnement, la réglementation du secteur des services (y compris les services financiers et les soins de santé) et la salubrité des aliments et des produits.

Kirk doit s’aligner sur une ligne fine entre appeler à des changements clés aux accords commerciaux tout en évitant de répudier l’OMC et le Cycle de Doha d’une manière qui pourrait saper l’OMC et son mécanisme de règlement des différends à un moment où le fonctionnement efficace de ces institutions est essentiel pour empêcher un nouveau glissement vers le protectionnisme et une aggravation de la récession mondiale.

Mise à jour sur

la réglementation des produits

sur le projet de loi C-6 : Sécurité des produits de consommation

Le 29 janvier 2009, le gouvernement du Canada a déposé le projet de loi C-6, Loi concernant la sécurité des produits de consommation, qui vise à assurer une meilleure surveillance des produits de consommation en améliorant la capacité du gouvernement de prendre des mesures de conformité et d’application de la loi en temps opportun lorsque des produits dangereux sont identifiés. Il s’agit de la deuxième tentative du gouvernement de réviser et d’élargir la législation fédérale sur la sécurité des produits de consommation. La tentative précédente, le projet de loi C-52, est morte au Feuilleton lorsque le Parlement a été prorogé avant les dernières élections fédérales.

Le projet de loi C-6 fait partie du Plan d’action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation du gouvernement, auquel il s’est récemment engagé à verser 113 millions de dollars sur deux ans. On s’attend à ce que Santé Canada collabore avec l’Agence de la sécurité frontalière du Canada pour identifier les produits potentiellement dangereux au point d’entrée et doubler le nombre d’inspecteurs de la sécurité des produits au cours des cinq prochaines années.

Parmi les autres caractéristiques clés du projet de loi C-6, mentionnons la déclaration obligatoire par les fournisseurs des incidents ou des défauts graves liés aux produits qui pourraient causer des maladies ou des blessures graves et l’interdiction de fabriquer, d’importer, de faire de la publicité ou de vendre des produits de consommation qui présentent un danger déraisonnable pour la santé ou la sécurité humaines.

OMC

Lamy aux gouvernements: Rétablir la confiance et lutter contre le protectionnisme

Dans un discours prononcé le 23 février 2009, le Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, a décrit les mesures que la communauté internationale doit prendre pour contrer les tendances isolationnistes croissantes.

Premièrement, les négociations du Cycle de Doha de l’OMC devraient être achevées le plus rapidement possible. Il a averti que les droits de douane appliqués sur le commerce aujourd’hui pourraient doubler s’ils étaient portés aux plafonds consolidés existants. En revanche, les propositions actuellement sur la table dans le cadre du Cycle de Doha réduiraient à nouveau ces mêmes plafonds tarifaires de moitié. Deuxièmement, les gouvernements devraient résister à la tentation d’élever les obstacles au commerce sous leurs formes moins évidentes, telles que les conditions d’achat local, l’octroi de programmes de subventions directes ou indirectes ou l’abus des recours commerciaux. Troisièmement, la communauté internationale doit veiller à ce que le financement des importations et des exportations soit disponible et abordable. Le manque de financement a contribué au déclin du commerce.

Il a également souligné que le prochain Sommet du G20 à Londres en avril était un test pour déterminer si les mécanismes mondiaux sont capables de relever efficacement les défis mondiaux.

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